La rougeole peut avoir de graves complications
De quoi on parle?
Les faits
«La rougeole oblige à rester à la maison». Sous cet intitulé, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a lancé, le 24 octobre, sa première campagne incitant à se faire vacciner contre cette maladie.
L’objectif
Protéger 95% de la population contre l’infection, ce qui permettrait d’éliminer la rougeole du pays.
La rougeole flambe à nouveau. Cette infection a en effet récemment refait parler d’elle, notamment en Suisse centrale et au Tessin. Cette année, entre la fin du printemps et le début du mois d’août, 128 cas ont été déclarés. Soit, selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), «une augmentation de 121%par rapport à la même période de l’année précédente».
La situation a de quoi inquiéter, car si la rougeole est la plupart du temps une maladie qui se soigne toute seule, elle s’accompagne parfois de complications graves. L’infection n’est donc pas aussi bénigne qu’on le croit.
Longue incubation
Le fauteur de troubles est un virus appartenant à la famille des paramyxoviridés, qui, dans les pays tempérés, surgit surtout au printemps et en hiver. Ce qui ne l’a pas empêché «de se manifester cet été et de provoquer une petite épidémie», précise Klara Pósfay Barbe, responsable de l’unité d’infectiologie pédiatrique aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
Après une incubation d’une à trois semaines, le virus provoque des symptômes grippaux: fièvre, fatigue, et souvent toux, rhume et maux de gorge. Puis, deux à quatre jours plus tard, ces manifestations s’amplifient et sont accompagnées d’éruptions cutanées, essentiellement des plaques rouges qui s’étendent sur l’ensemble du corps.
Pendant la longue période d’incubation, puis au cours des quelques jours qui suivent, il est difficile de diagnostiquer la maladie. Or la rougeole est particulièrement contagieuse. En toussant ou en éternuant, on projette sur son vis-à-vis des gouttelettes chargées de microbes qui l’infectent aussitôt. «Il suffit de se trouver à moins d’un mètre d’une personne pour lui transmettre le virus, sans avoir besoin d’interactions prolongées ou répétées», précise l’infectiologue.
Tout cela ne paraît pas bien grave puisque, la plupart du temps, la rougeole disparaît d’elle-même. Mais c’est compter sans ses possibles complications. Certaines, comme les otites, sont relativement banales. D’autres, en revanche, sont «plus graves», explique Klara Pósfay Barbe. Dans environ 1% des cas, la maladie provoque «des pneumonies sévères qui nécessitent souvent une hospitalisation». Plus sérieux encore: une personne sur mille souffre
d’encéphalite, «une infection du cerveau qui peut laisser des séquelles, comme des troubles de la concentration, mais aussi des troubles moteurs». En outre, de sept à dix ans plus tard, on peut être affecté par la «panencéphalite subaiguë sclérosante». Cette inflammation de la moelle épinière qui touche tout le système nerveux est particulièrement redoutable, puisqu’elle s’accompagne «de troubles psychiques et neurologiques, suivis du décès», et qu’on ne peut ni la prévoir, ni la soigner.
Contre la rougeole, aucun traitement efficace n’existe. «On peut prescrire des antibiotiques pour éviter les surinfections par des bactéries», reprend la spécialiste. Mais lorsqu’on est malade, la seule chose à faire est «de rester chez soi, de bien s’hydrater, de bien manger et d’éviter d’infecter son entourage». En surveillant particulièrement les femmes enceintes, car le virus peut déclencher une fausse couche ou atteindre le cerveau du bébé et provoquer un retard mental. Klara Pósfay Barbe conseille aussi de signaler sa maladie à son généraliste ou, pour les enfants, à l’infirmière scolaire, «afin que l’information soit transmise au médecin cantonal».
Surtout les jeunes adultes
Il existe toutefois un moyen – et un seul – de prévenir la maladie: le vaccin ROR (pour des raisons pratiques, on associe les vaccins contre la rougeole, les oreillons et la rubéole). «Ce vaccin est extrêmement efficace, mais il faut en injecter deux doses pour être bien protégé», précise l’infectiologue. C’est d’ailleurs parce que de nombreux enfants sont vaccinés que la rougeole, auparavant considérée comme une maladie infantile, touche maintenant surtout les jeunes adultes, qui sont les plus exposés aux complications. Quant aux personnes nées avant 1963, elles ont pour la plupart contracté la maladie dans leur enfance et sont donc immunisées.
Le vaccin est-il sans risque? Il n’entraîne en tout cas pas de troubles autistiques, comme l’avait suggéré il y a quelques années une étude dont les résultats étaient faux. Cela dit, «il renferme des virus atténués et peut donc provoquer un peu de fièvre et quelques symptômes grippaux», prévient Klara Pósfay Barbe. «Aucun vaccin n’est totalement sans risques, mais avec celui-ci, les risques sont minimes, souligne Daniel Koch, chef de la division des maladies transmissibles de l’OFSP. Un autre argument pour se préserver de la rougeole et de ses complications pour toute sa vie.
«La Suisse n'est pas un bon élève»
Protection
«Sans vaccination contre la rougeole, il y aurait en moyenne chaque année en Suisse 67 000 malades et de vingt à trente décès. Ceci engendrerait des coûts estimés à 220 millions de francs, soit 1% des primes d’assurance-maladie», selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). C’est dire que la vaccination contre cette infection n’est pas seulement une affaire individuelle; c’est aussi un problème collectif. Actuellement, seuls 85% des enfants sont bienprotégés après avoir reçu les deux doses du vaccin ROR (qui prévient aussi les oreillons et la rubéole). Le taux vaccinal, chez les enfants mais aussi chez les jeunes adultes, est toutefois insuffisant. Dans ce domaine, «la Suisse n’est pas un bon élève», constate Daniel Koch. Le chef de la division des maladies transmissibles de l’OFSP rappelle que lors de la grande flambée de 2008-2009, la Suisse a eu «le plus grand nombre de cas en Europe et elle a exporté la maladie dans dix-sept pays». L’infection se moque en effet des frontières et l’effort doit être mondial. C’est pour cette raison que le Conseil fédéral, suivant les recommandations de l’OMS Europe, s’est fixé pour objectif de vacciner 95% de la population d’ici à 2015.
Pourquoi pas 100%? «Dans tous les pays, il y a une petite proportion de gens qui sont totalement opposés à la vaccination, pour des raisons religieuses ou autres. Nous ne voulons absolument pas les forcer à se faire vacciner», souligne l’expert de l’OFSP. Il y a aussi ceuxqui ne peuvent pas se faire vacciner pour des raisons médicales (par exemple, parce qu’ils sont immunodéprimés). Mais si tous les autres le font, cela suffira à empêcher le virus de se propager d’une personne à l’autre et «à faire disparaître la rougeole du pays». Avec sa campagne «La rougeole oblige à rester à la maison», la première du genre, l’OFSP s’adresse aux parents en les incitant à s’assurer que leurs enfants ont bien reçu les deux doses nécessaires. Mais le message est surtout destiné «aux adultes de moins de 50 ans», car précise Daniel Koch, les plus âgés «dans leur grande majorité, ont déjà eu la rougeole et sont doncimmunisés».
Gastro-entérite: un nouveau vaccin recommandé chez les bébés
Un nouveau traitement préventif contre la bronchiolite s’annonce
«Les enfants ne sont pas des petits adultes»
Le syndrome dʹUsher de type 1b: perdre la vue, l'ouïe et l'équilibre
L'OMS annonce l'éradication de la poliomyélite de type 3
Un registre national pour le dosage des médicaments en pédiatrie
Coqueluche
La coqueluche est une maladie qui se manifeste par des quintes de toux, des difficultés à respirer et des vomissements déclenchés par la toux. Elle peut être très grave, voire mortelle, chez les tout petits enfants pas encore protégés par le vaccin.