La bronchiolite, une maladie répandue et pourtant méconnue

Dernière mise à jour 16/11/16 | Article
Bronchiolite
Chaque hiver, cette infection respiratoire touche de nombreux nourrissons. Mais comment aider les tout-petits à y faire face?

C’est souvent lorsqu’on devient parent qu’on en entend parler pour la première fois. La bronchiolite est l’une de ces maladies de l’hiver qui met à rude épreuve les enfants de moins de douze mois. Très contagieuse, elle est transmise dans la majorité des cas par le virus syncytial respiratoire (RSV). Mais d’autres virus de ce type peuvent également en être responsables, ce qui explique que les nourrissons peuvent connaître plusieurs épisodes de la maladie durant l’hiver. La bronchiolite commence généralement par un rhume et une toux, des symptômes qui se péjorent trois à quatre jours plus tard. Le bébé a en effet des difficultés à respirer, car il est encombré par des sécrétions qu’il a de la peine à évacuer. Sa respiration est rapide et sifflante, il lui est difficile de manger ou de téter, il semble fatigué, son état général est moins bon, parfois un peu de fièvre apparaît. La bronchiolite tient son nom des «bronchioles», ces fines bronches qu’une petite quantité de sécrétions suffit à boucher. Leur petite taille favorise leur obstruction rapide.

Les bons gestes à connaître

À PLAT ET SUR LE DOS Que votre bébé soit enrhumé ou victime de reflux, il est impératif de le coucher sur le dos et à plat, sans coussins ni couvertures autour. Surélever le matelas est déconseillé en raison des risques accrus de mort subite du nourrisson.

DÉGAGER LES VOIES AÉRIENNES Les tout-petits ne respirent pas par la bouche, mais par le nez, d’où l’importance de bien le leur dégager quand ils sont enrhumés. Pour ce faire, on utilisera du sérum salé en doses individuelles et jetables, à raison de 2-3 ml par narine, 4 à 6 fois par jour, de préférence avant les repas et avant le coucher pour améliorer la prise alimentaire et le sommeil. Un moment désagréable pour le bébé, mais qui est néanmoins nécessaire; l’efficacité de cette simple mesure a été démontrée par plusieurs études bien conduites.

PHYSIO, OUI OU NON? La physiothérapie respiratoire utilise des techniques manuelles afin de libérer les bronches et d’améliorer la respiration. Elle est parfois prescrite en cas de bronchiolite. Les différentes études menées ne permettent toutefois pas de conclure à une efficacité de ce traitement, ayant été conduites uniquement auprès de bébés hospitalisés (pour une bronchiolite), ce qui ne représente qu’une minorité des cas. A chacun donc de se faire une idée.

Obtenir un premier conseil

Chez les bébés âgés de moins de 12 mois, il faut rester vigilant car le rhume et la toux ne sont pas banals: «Plus de la moitié des nourrissons attrapent une bronchiolite durant leur première année de vie, les enfants de moins de six semaines de vie étant de loin les plus à risque d’être hospitalisés », prévient le Dr Mario Gehri, médecin-chef à Hôpital de l’enfance de Lausanne (Centre hospitalier universitaire vaudois). «Toux, éternuements et petit nez qui coule doivent conduire les parents à consulter un pédiatre dans les jours qui suivent l’apparition des symptômes si ceux-ci persistent ou se péjorent», confirme le Dr Andrés Pascual, médecin chef co-responsable du Service de pédiatrie à l’Hôpital de Nyon (Ghol). En cas d’absence du pédiatre, les spécialistes recommandent de faire appel à la centrale des médecins pour obtenir un premier conseil et savoir s’il faut ou non consulter en urgence. «Ensuite, dans la plupart des cas, la maladie peut être gérée par le pédiatre», déclare le Dr Pascual.

Diagnostic différentiel

Chez les tout-petits, les symptômes de la bronchiolite et de la coqueluche se ressemblent parfois, d’où la nécessité de consulter le pédiatre en cas de toux, surtout si elle est associée à des vomissements. Le médecin, pour faire son diagnostic, tiendra compte de différents paramètres (vaccins, âge de l’enfant, présence d’une toux dans la famille) et fera –ou non– un test de dépistage (détection du germe par frottis nasal). Une antibiothérapie sera prescrite s’il s’avère que l’enfant souffre de coqueluche.

Moyens thérapeutiques

Le traitement de la bronchiolite consiste en premier lieu en une thérapie de soutien. Il faut éviter de stresser l’enfant ainsi que les manipulations inutiles. «Il faut tout d’abord veiller à ce que l’enfant soit bien hydraté. Car la déshydratation assèche les sécrétions et rend leur évacuation d’autant plus difficile», prévient le Dr Gehri. Si les tétées sont éprouvantes à cause du rhume, il est recommandé de fractionner les repas: donner de plus petites quantités plus souvent. «L’enfant doit pouvoir prendre au minimum la moitié de ce qu’il boit habituellement», détaille le Dr Pascual. Pour aider l’enfant à respirer, on lui nettoiera le nez régulièrement durant la journée. Parmi les autres mesures importantes, les parents doivent veiller à bien aérer la maison (en particulier la chambre de l’enfant) et, surtout, s’abstenir de fumer à l’intérieur, insiste le Dr Gehri, la fumée de cigarette étant l’irritant le plus puissant qui soit pour les poumons d’un nourrisson. Les humidificateurs, en raison des microbes qu’ils peuvent véhiculer, ne sont pas recommandés. Si l’enfant est inconfortable, du paracétamol (aux doses indiquées pour l’enfant) peut lui être administré. Il arrive, dans une minorité de cas (2 à 3%), que l’enfant doive être hospitalisé. C’est le cas s’il a de la peine à manger, s’il souffre d’une détresse respiratoire (efforts respiratoires visibles – le thorax «se creuse»), notamment. Si le bébé est âgé de moins de 6 semaines, lorsqu’il a été un grand prématuré, ou qu’il souffre d’une pathologie concomitante (cardiopathie, trisomie 21, etc.), il risque de présenter une maladie plus sévère. En dehors de ces situations, la bronchiolite guérit le plus souvent d’elle-même grâce à une surveillance rapprochée et aux mesures citées. La toux, toutefois, peut durer 2 à 3 semaines.

Protégez-les contre la coqueluche

Toux tenace, quintes nocturnes… la coqueluche aussi fait tousser. Cette maladie très contagieuse se transmet (contrairement à la bronchiolite qui est virale) par une bactérie. Peu grave chez l’adulte, elle peut en revanche entraîner des complications sévères chez les nourrissons, avec même un risque mortel. Or, avant l’âge de six mois, les bébés ne sont pas (ou pas suffisamment) protégés contre la maladie. Ils le deviennent seulement après avoir reçu les trois doses de vaccins (entre l’âge de 4 et 6 mois). Or, c’est la population adulte qui est la source d’infection habituelle, raison pour laquelle la vaccination (ou un rappel, souvent suffisant) est recommandée chez les adultes ayant un contact étroit avec le bébé (parents, frères et soeurs, grands-parents, baby-sitter, par ex.). De même, afin que les nourrissons puissent bénéficier de la protection conférée par les anticorps maternels, le vaccin est également recommandé (sans aucun risque) chez les femmes enceintes, au cours du deuxième ou du troisième trimestre. A défaut, le vaccin pourra être fait le plus rapidement possible après l’accouchement.

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