Va jouer dehors, c’est bon pour les yeux!

Dernière mise à jour 29/08/12 | Article
Jouets pour le sable
La myopie gagne toujours plus de terrain dans les pays industrialisés. En Suisse, elle touche entre 30 et 40% de la population générale, et jusqu’à 30% des enfants. Selon un article récent, publié dans «The Lancet», la diminution du temps passé à l’extérieur ne serait pas étrangère à cette progression...

«Mange tes carottes, c’est bon pour les yeux!». A coup sûr, vos parents ont tenté un jour de vous convaincre ainsi d’engloutir les rondelles de carottes qui côtoyaient les petits pois dans votre assiette. Et ils n’avaient pas tort: les racines orange sont riches en vitamine A qui produit du rétinol. Mais si cette substance est utile pour la vue, elle n’est pas directement liée à la myopie. La lumière du jour, en revanche, aurait des effets protecteurs sur la myopie. C’est ce que défend une récente revue de la littérature publiée en mai dernier dans la sérieuse revue scientifique The Lancet. Selon les chercheurs, l’augmentation du nombre de myopes, flagrante sur le continent asiatique, mais bien réelle aussi en Europe, serait intimement liée au manque d’exposition au soleil. La lumière a un effet sur la libération de la dopamine, connue pour arrêter la croissance de l’œil. Or, sur le plan anatomique, la myopie est causée par un œil trop long. La sécrétion de dopamine permettrait justement de limiter cette croissance et donc le développement d’une myopie, ce qui a été démontré de manière expérimentale, uniquement.

Jouer dehors, bon à plus d’un titre

Les plus jeunes sont particulièrement touchés par ce fléau, qui sévit surtout dans les pays industrialisés. En Europe, on estime, selon les études et les groupes d’âge, entre 5% et 30% le nombre d’enfants concernés par ce vice de réfraction, qui est le plus fréquent devant l’hypermétropie et l’astigmatisme. A plus d’un titre, les têtes blondes ont donc tout intérêt à jouer dehors, détaille le Dr Hana Abou Zeid, responsable de la Policlinique de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin à Lausanne: «Non seulement, la lumière aurait un effet bénéfique sur la myopie, mais aller à l’extérieur, parallèlement, entraîne une diminution du temps consacré à des activités qui sollicitent une vision de près, l’autre facteur déterminant pour la myopie».

C’est certain, les facteurs environnementaux jouent un rôle important dans ce domaine. Notamment, plus le niveau d’éducation est élevé, plus le risque de myopie est grand. Une étude a révélé que les jeunes qui lisaient plus de deux livres par semaine avaient plus de risque de devenir fort myope que ceux qui lisaient moins. Le cas de la lecture n’est pas isolé, comme l’explique la spécialiste: «Toutes les activités qui impliquent une accommodation importante et qui sollicitent la vision de près sont à risque, si elles sont pratiquées très fréquemment. Les jeux sur les tablettes ou sur des consoles portables qu’on tient dans les mains sont aussi visés. La télévision et l’ordinateur, à condition qu’on se maintienne à une distance raisonnable, sont par contre moins problématiques pour les yeux.» Loin l’idée pourtant d’empêcher junior de plonger dans ses albums préférés ou d’interdire l’utilisation de ces appareils. Difficile en ce sens de donner aux parents des consignes claires, car aucune évidence scientifique n’existe quant à une durée ou à une fréquence d’exposition qui serait adéquate. Pour la spécialiste, «l’important est d’équilibrer le type d’activités, entre les intellectuelles et celles se déroulant à l’extérieur qui n’impliquent pas la vision de près. Mais il ne s’agit pas de modérer ses aspirations ou celles de son enfant, surtout s’il s’agit du goût pour la lecture. En revanche, on évitera autant que possible que l’enfant ne colle l’objet à son nez.»

Les facteurs génétiques, aussi, jouent un rôle dans la survenue de la myopie, mais les mécanismes sont plus complexes qu’on l’imaginait. On sait qu’il suffit d’avoir un parent myope pour que les risques de le devenir augmentent. Si les deux le sont, le pronostic ne semble pas être plus important. De plus, la composante héréditaire est plus élevée pour les myopies fortes que pour les plus légères, pour lesquelles des facteurs environnementaux jouent un rôle encore plus important. 

De l’importance de corriger sa vue

Dans tous les cas, si l’enfant ne voit pas bien, il est indispensable de corriger son défaut de vision: «Si on ne le fait pas, le cerveau peut rester bloqué sur cette vision et l’enfant ne verra jamais plus à 100%, même avec une correction optique, prévient le Dr Hana Abou Zeid. De même, si la déficience est unilatérale, l’œil n’atteindra jamais la capacité de l’autre, d’où l’importance du dépistage».

Or, un enfant, surtout s’il est jeune, ne va pas forcément verbaliser ses difficultés visuelles. Son système visuel étant en cours de maturation pendant l’enfance, il ne peut pas savoir ce que cela signifie de bien voir. Pourtant, les signes d’appel ne trompent pas: un enfant qui voit mal de loin aura tendance à rapprocher les objets sous ses yeux. Mais cela peut aussi se manifester par des difficultés d’apprentissage à la lecture, des notes qui dégringolent, un échec scolaire, des chutes à répétition ou des maux de tête après l’école. «Toute la journée, l’élève myope accommode pour bien voir. Le soir, cette fatigue visuelle se traduit typiquement par des maux de tête», décrit la spécialiste.

Pour son confort, l’enfant doit pouvoir voir clairement dès 3-4 ans. Mettre des lunettes correctrices le permet évidemment et empêche des problèmes plus graves de déstructuration irrémédiable de la vision. En revanche, les scientifiques peinent à dire aujourd’hui si le port de lunettes ralentit, ou non, la progression de la myopie, tant les facteurs qui sont impliqués sont nombreux.

Zoom sur la myopie

La myopie est l’un des trois vices de réfraction, avec l’hypermétropie et l’astigmatisme. Elle se définit par une diminution de l’acuité visuelle de loin, causée par un œil trop long. Le système visuel de l’enfant n’est pas mature à la naissance et se développe peu à peu avec l’âge. Jusqu’à ses deux ou trois ans, il vit une phase d’hypermétropie non pathologique. Ce n’est qu’après, dès trois ans (et jusqu’à 25 ans environ), qu’une myopie peut progressivement s’installer. Reconnaître ses signes (lecture rapprochée avec l’objet collé au nez, difficultés scolaires, chutes, maux de tête, etc.) est important pour lui garantir un bon confort visuel, mais aussi pour éviter une amblyopie, soit une insuffisance de certaines aptitudes visuelles (sur un œil ou les deux) de manière irréversible ! Les dépistages systématiques se font généralement tout au long de l’enfance par le pédiatre, puis dès l’entrée à l’école. En cas de doute sur les aptitudes visuelles de son enfant, il ne faut pas hésiter à consulter un ophtalmologue.

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