L’éducation positive en question
De quoi parlons-nous ?
L’éducation positive regroupe plusieurs approches éducatives qui reposent sur la même valeur suprême : créer une bonne relation parent-enfant. L’idée première, c’est qu’un enfant se développe mieux lorsqu’il se sent aimé que s’il vit dans la hantise de mal faire et d’être puni. Partant de ce constat, l’éducation positive exclut l’usage de menaces, reproches ou sanctions pour faire « plier » l’enfant. Cela ne veut pas dire que les parents doivent tout accepter venant de sa part. Travailler à soigner la qualité des liens affectifs qui l’unissent à ses parents permet d’emporter son adhésion volontaire.
« Rétrospectivement, on s’est aperçu que le terme éducation positive prêtait à confusion et qu’il aurait peut-être mieux valu parler d’éducation relationnelle, parce que toutes nos pratiques sont déterminées par la volonté de construire du lien », explique Charlotte Uvira, présidente de l’association romande d’éducation positive Ratatam, à Lausanne.
Quels sont les enjeux ?
L’éducation positive est dans l’air du temps : beaucoup de parents ne sont pas satisfaits du modèle éducatif traditionnel, qui prône la manière forte ; soit ils ne s’y retrouvent pas, soit ils ont constaté que cela ne marche pas. En effet, tenter de se faire obéir à coups de punitions peut mener à une « sorte d’acte de défaut de biens », selon l’expression de Bruno Chevrey, secrétaire général de la Fondation Officielle de la Jeunesse (FOJ), à Genève. C’est-à-dire que les punitions risquent de s’accumuler au point qu’il deviendra illusoire de vouloir les maintenir. Par exemple, on peut bien menacer un enfant de lui confisquer son téléphone portable pendant quelques heures, puis quelques jours, mais quel parent réussirait à l’en priver tout un mois ?
Le postulat de l’éducation positive, c’est que l’enfant intégrera les règles parentales si on lui laisse la possibilité de vérifier par lui-même qu’elles lui permettent de vivre en bonne intelligence avec les siens. Pour cela, il faut évidemment admettre l’idée que son intention n’est pas de créer des problèmes, mais d’être heureux en famille. Ce qui implique d’apprendre à écouter et à composer avec les autres.
Les recherches en psychologie montrent que les classes d’école les plus efficaces sont celles où le maître est persuadé que ses élèves sont capables d’apprendre et où il tente de leur inculquer le sens des responsabilités. Un jeune ne travaille pas ? Pas besoin de le punir : il sera de toute façon le premier à subir les conséquences de son comportement, en voyant chuter sa moyenne. Est-ce réellement ce qu’il veut ? On peut parier que non. Mais alors, que pense-t-il devoir faire et comment compte-t-il s’y prendre ? C’est là que commence le travail d’accompagnement. L’éducation positive s’oppose ainsi à l’idéal de l’enfant en pâte à modeler qu’on peut façonner à sa guise en haussant la voix.
Que faire ?
« Pour commencer, je conseillerais aux parents de s’informer en lisant des livres sur le sujet. Leurs premières initiatives seront peut-être de revoir les règles de la maison ou de changer leur façon de communiquer avec leurs enfants ; c’est très personnel. En tous les cas, je les invite à faire des petits pas et à ne pas céder au découragement si les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous, car les changements profonds prennent du temps. Suivre une formation en éducation positive et chercher le soutien d’un accompagnant spécialisé peut également s’avérer utile », affirme Jessica Héritier, formatrice et accompagnante en éducation positive à Lausanne.
L’éducation positive propose notamment de remplacer les rapports de force par la culture du respect (de soi et de l’autre) et la culpabilisation par l’encouragement à faire des expérimentations (quitte à se tromper !). Ainsi, l’enfant est très tôt responsable de son cartable, de ses devoirs, de la gestion de son argent de poche… ce qui ne veut évidemment pas dire qu’il est abandonné à son sort !
Quelques conseils
- Donnez à votre enfant des points de repère sur ce qui est bien et mal…
- … et laissez-le faire ses expériences ; ne le jugez pas d’emblée, mais faites-lui comprendre qu’il peut venir vous en parler en cas de besoin !
- Exprimer ce que vous ressentez au plus près de votre conscience, en commençant vos phrases à la première personne (p.ex. par « je me sens… », au lieu de « tu es… »).
- Chercher à comprendre ce qui s’est passé quand il a fait quelque chose qu’il n’aurait pas dû.
- Lui faire confiance pour avoir envie de réussir sa vie et se rappeler que toute personne est capable de trouver, par elle-même, des solutions à ses problèmes.
Quelques adresses utiles :