Le zona ou quand le virus de la varicelle se manifeste à nouveau
Des plaques rouges parsemées de bouquets de vésicules sur la moitié du thorax ou du visage. Des sensations de picotements et de brûlures ou des douleurs qui peuvent être très intenses. Ces signes ne trompent pas: c’est le zona.
Cette maladie est due à un virus, le varicella zoster virus (VZV), le même que celui qui provoque la varicelle chez les enfants. Car une fois l’infection infantile guérie, le virus ne disparaît pas pour autant de l’organisme. Il gagne les ganglions situés à la racine des nerfs et il se fait discret. Mais chez environ 20% des individus qui ont eu la varicelle, il se manifeste à nouveau bien des années plus tard. Il se multiplie alors et migre le long des fibres nerveuses jusque dans la peau qu’elles innervent. C’est alors qu’apparaît le zona.
L’âge, facteur de risque
Qu’est-ce qui pousse le VZV à se réveiller? «Le principal facteur de risque est l’âge», souligne Olivier Gaide, responsable de l’unité d’onco-dermatologie et de dermatologie interventionnelle du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Au fil des ans, «l’immunité que nous avons acquise contre le virus diminue lentement et il arrive un moment où il se réactive». C’est ce qui explique que cette maladie neurocutanée peut se manifester à tout âge, mais qu’elle touche surtout les plus de 50 ans.
Pour refaire surface, l’agent pathogène tire aussi parti du fait que le système immunitaire de son hôte est affaibli. Ce qui peut survenir à la suite d’un cancer, de l’utilisation de médicaments immunosuppresseurs ou d’infections, par le VIH notamment. Quant au stress psychologique, très souvent incriminé, il ne semble pas jouer un rôle important dans le déclenchement du zona. En tout cas, «la pratique clinique ne le suggère pas».
Des douleurs intenses
L’apparition des éruptions cutanées s’accompagne généralement de sensations de piqûres et de brûlures et, chez les plus jeunes, de démangeaisons. Quelques jours plus tard, les petites cloques sèchent et forment des croûtes qui finissent par tomber. Chez les personnes immunocompétentes –c’est-à-dire qui ont un système de défense en bon état de fonctionnement– la maladie est le plus souvent bénigne et guérit spontanément.
Mais le zona peut s’accompagner de surinfections au streptocoque ou au staphylocoque. Surtout, il arrive aussi qu’il provoque des douleurs «parfois extrêmement intenses», d’après le médecin du CHUV. Celles-ci peuvent persister, pendant des semaines voire des années après la disparition des lésions sur la peau. On parle alors de douleurs «postzostériennes». En outre, dans les rares cas où le zona touche l’œil, «il peut conduire à une infection de la cornée qui est redoutée». C’est dire que l’affection est capable d’entraîner de sévères conséquences. «En termes de qualité de vie, ces névralgies postzostériennes peuvent avoir un impact négatif similaire à celui de l’insuffisance cardiaque congestive, du diabète et de la dépression», écrivent des spécialistes d’immunologie du CHUV dans laRevue médicale suisse.
Le traitement doit être précoce
La prise en charge de l’affection neurocutanée passe par l’application d’antiseptiques locaux «qui évitent les surinfections», précise Olivier Gaide. Les médecins disposent aussi de médicaments antiviraux «qui, eux, ont un effet positif sur la maladie et sur la douleur si on les prescrit précocement. Au-delà de 72 heures après le début de l’éruption, il est trop tard.»
Bien sûr, mieux vaudrait prévenir. A priori, la meilleure solution serait de se faire vacciner contre la varicelle, puisque l’agent pathogène responsable de cette infection est la cause de tous les maux. Mais ce n’est pas si simple. Le virus contenu dans le vaccin contre la varicelle «est vivant et il peut aussi aller se cacher dans les ganglions nerveux, puis ressortir des décennies plus tard», précise le spécialiste du CHUV. En revanche, lorsqu’un adulte est en contact avec des personnes qui ont la varicelle –et donc son virus– «tout se passe comme s’il recevait une sorte de vaccin naturel. D’ailleurs, les dermatologues et les pédiatres sont, parmi les médecins, ceux qui ont le moins de zona.»
Il existe aussi un vaccin spécialement conçu pour protéger du zona, le Zostavax®, qui est disponible en Suisse sans pour autant être recommandé par les autorités compétentes. En attendant les conclusions d’un groupe de travail qui se penche actuellement sur la question (lire encadré), rien n’empêche les plus de 50 ans d’avoir recours à ce vaccin qui a «peu d’effets secondaires» selon Olivier Gaide. Pour un coût modeste, il permet de se prémunir contre une maladie qui peut être très douloureuse.
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Article paru dans le Matin Dimanche en le 26/04/2015.
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Zona
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