La saison des pollens a débuté sur les chapeaux de roue
Si quelque 80% de la population suisse se réjouit de l’arrivée du printemps, les 20% restants sont en général méfiants. Et pour cause, ce pourcentage correspond aux personnes allergiques aux pollens. Cette année, plus que la précédente, ils risquent d’attendre avec impatience la fin des floraisons. Bernard Clot, chef de l’équipe de biométéorologie de MétéoSuisse, explique: «La saison du pollen de bouleau risque d'être plus intense que l'an passé. D'une part, parce que 2015 s'est avérée une saison peu intense et qu'on observe fréquemment une alternance d'années de faible et de forte intensité. D'autre part, parce que les conditions ont été favorables à la formation des chatons mâles, particulièrement abondants sur les bouleaux cet hiver.»
Ce sont eux qui prennent leur envol pour aller polliniser les femelles d’autres plantes, mais aussi irriter les yeux, le nez et la gorge des personnes sensibles. «En plus du potentiel de production, le temps pendant la floraison est important pour favoriser ou non la dispersion du pollen dans l'air», rappelle Bernard Clot.
Pour aider les personnes allergiques à planifier leurs activités en plein air,
MétéoSuisse vient de sortir un nouveau calendrier pollinique. Il prend en compte les données enregistrées ces vingt dernières années afin de présenter de manière précise l’occurrence des différents pollens mois après mois. On peut ainsi savoir quand le pollen de bouleau est habituellement très virulent dans la région où l’on se trouve et décider de planifier une sortie dans un autre coin du pays afin de limiter les désagréments induits par l’allergène.
Des symptômes à prendre au sérieux
Les éternuements et autres larmoiements ne doivent pas être pris à la légère. «Habituellement, les premiers symptômes se développent au premier étage respiratoire, soit au niveau des yeux et du nez, explique Sereina de Zordo, conseillère spécialisée de aha! Centre d’Allergie Suisse. S’ils ne sont pas traités avec des médicaments spécifiques, ils peuvent atteindre le deuxième étage, celui des poumons, et provoquer de l’asthme. Ce qu’il faut éviter.»
Limiter les sorties les jours où les concentrations en pollens sont importantes, se laver les cheveux avant de se coucher, placer des grilles spéciales aux fenêtres et porter des lunettes de soleil sont autant de petits gestes qui peuvent faire la différence.
Equiper son smartphone d’une application spécifique peut aussi aider à y voir plus clair en ces journées chargées en pollens. Rien que sur l’App Store il en existe des dizaines. Presque chaque pays d’Europe en propose quelques-unes. En Suisse, celle de aha ! (1) existe depuis 2010. En plus des prévisions polliniques qui s’étalent sur 48 heures, elle fournit les concentrations des quatorze plantes les plus allergènes pour chaque station de relevé de Suisse. On y trouve aussi des informations pertinentes sur «l’allergénicité» des différentes essences ainsi que des conseils pour mieux vivre avec son allergie. Baptisée Pollen-News, «elle a beaucoup de succès, car elle aide vraiment les utilisateurs avec des informations pertinentes», précise Sereina de Zordo.
Pour tenter de se débarrasser une fois pour toutes des «atchoums» incessants et autres yeux rouges, une désensibilisation est envisageable avant le début de la saison. Les personnes les plus motivées peuvent aussi se lancer dans un traitement au long cours, dont la durée s’étale sur trois à cinq ans, afin de venir à bout de leur allergie. «Les effets bénéfiques de la thérapie dépendent de la nature de celle-ci, mais également du déclencheur entraînant l’allergie, poursuit la conseillère. La désensibilisation est réussie lorsque les troubles diminuent fortement ou, dans le meilleur des cas, disparaissent totalement. Suite à la diminution des symptômes, la consommation de médicaments peut être réduite.» Et les anciens allergiques de pouvoir enfin profiter des joies des pique-niques dans les champs…
Une nouvelle application qui se base sur les données de ses utilisateurs
Une interface développée en Autriche vient tout juste de faire son apparition sous nos latitudes. Sobrement appelée Pollen (2), elle ne se contente pas de fournir des informations sur la présence de telle ou telle plante dans l’atmosphère, mais elle utilise les symptômes ressentis par les utilisateurs pour affiner ses prévisions. «Grâce au grand nombre d’utilisateurs que nous avons déjà en Autriche et en Allemagne (notre application a été téléchargée plus de 250 000 fois), les informations fournies sont très précises, explique Steven Griffiths, manager chez Alk Abello, l’entreprise pharmaceutique qui commercialise Pollen. Elle est la toute première application qui se base sur les symptômes ressentis par les utilisateurs.»Autre particularité de cette interface: la prévision personnalisée. Elle est calculée en se basant sur les relevés quotidiens des symptômes de chacun (nez, yeux, bronches, médicaments pris). Au bout de cinq jours de relevés, l’utilisateur peut obtenir une carte prévisionnelle pour les jours suivants. Pour, pourquoi pas, montrer ses observations personnelles lors du prochain rendez-vous avec son médecin.
Bien que très mise en avant, dans les faits, Pollen s’avère compliquée à comprendre et donc à utiliser. Les prévisions disponibles ne couvrent que quelques villes suisses et lorsqu’on rentre un code postal dans le champ ad hoc, on reste sur sa faim en lisant: «Aucune donnée disponible». Bizarrement, on parvient à obtenir des informations sur la présence de pollens de bouleau à Linz, mais pas à Lausanne. Les cartes personnalisées et prévisionnelles sont certainement utiles pour autant qu’on prenne la peine de remplir jour après jour son «journal des pollens».
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1. Pollen-News de aha!, disponible gratuitement sur l'AppStore et Google play Store.
2. Pollen de Alk-abello, disponible gratuitement sur l'AppStore et Google play Store.