Infections urinaires récidivantes: l’espoir d’un vaccin protecteur
Ils viennent de rendre publics leurs derniers résultats.
C’est un espoir vaccinal d’un nouveau genre. Des chercheurs des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) progressent dans l’élaboration d’un vaccin protecteur contre les infections urinaires récidivantes dues à la bactérieEscherichia coli. Les derniers résultats de leurs travaux ont été publiés dans la revue spécialisée The Lancet Infectious Diseases1. Une publication remise en perspective par les HUG après la signature d’un accord avec un partenaire industriel.
Les chercheurs soulignent la menace croissante de la bactérie Escherichia coli, de plus en plus fréquemment retrouvée comme une cause d’infection dans le milieu communautaire et hospitalier, et ce dans le monde entier. Il s’agit là d’une bactérie qui compose une large fraction de notre flore intestinale et avec laquelle nous entretenons généralement de bonnes relations. Mais il arrive parfois que certaines souches deviennent pathogènes et soient à l’origine de diverses infections, urinaires ou digestives notamment.
Prévenir les infections
Escherichia coli a été découverte en 1885 par le pédiatre et bactériologiste germano-autrichien Theodor Escherich, qui s’inquiétait alors de la fréquence des diarrhées néonatales. Ce bacille de la famille des Enterobacteriaceae commence à «coloniser» l’intestin humain durant les premières heures ou les premières journées qui suivent la naissance. Et tout au long de la vie, il demeure l’espèce bactérienne dominante de la flore intestinale. C’est aussi l’un des organismes vivants les plus étudiés par l’homme. Ce sont seulement certaines souches qui acquièrent un pouvoir de nuisance et que l’on retrouve associées à diverses infections.
«L’émergence de la bactérie et de ses conséquences entraîne un nombre plus important d’échecs de traitement, d’admissions à l’hôpital et même de mortalité, ainsi qu’une augmentation des coûts annuels de deux milliards de dollars aux Etats-Unis, précise-t-on auprès des HUG. Ces raisons confirment l’urgence de trouver un vaccin contre ce problème de santé publique. Le développement d’un vaccin spécifique à Escherichia colidans des localisations extra-intestinales, permettrait de prévenir des infections urinaires sans avoir à ingérer de solutions antimicrobiennes et offrirait un avantage clinique important.»
Des résultats prometteurs
On situe entre 50 et 60% la proportion de femmes qui contractent une infection urinaire au moins une fois dans leur vie. Parmi les infections dites non compliquées, 75 à 85% sont dues à Escherichia coli. Et après une infection urinaire non compliquée, 25% des femmes en contractent une nouvelle dans les 6 à 12 mois suivants et 5% en contractent plusieurs dans l’année.
Sous la direction du Pr Stephan Harbarth et de la Dre Angela Huttner, les chercheurs suisses ont mis au point un candidat vaccin contenant des antigènes de quatre sérotypes de cette bactérie. Durant le premier semestre de 2014, cette préparation a été administrée à 93 femmes, tandis que 95 recevaient une substance placebo. Il s’agissait de volontaires âgées de 18 à 70 ans, en bonne santé mais avec des antécédents d’infections urinaires récurrentes depuis au moins cinq ans.
Résultats: 52% des femmes vaccinées n’ont pas souffert d’infection urinaire pendant les neuf mois de l’étude, contre 41% des femmes ayant reçu le placebo. D’autre part, 36% des vaccinées et 48% des receveuses de placebo ont contracté au moins une infection. «Finalement, les chercheurs peuvent affirmer que le nombre de patientes sans infection au cours de la période de l’étude était d’environ 20% plus élevé chez les femmes vaccinées que chez les autres, et que le nombre moyen d’épisodes récurrents a été réduit d’environ 40%, souligne-t-on auprès des HUG. D’autres études sur des doses plus élevées et des différentes formulations du vaccin candidat vont être poursuivies.»
Les cystites plus fréquentes chez la femme
Il existe deux types d’infections urinaires: la cystite (infection de la vessie) et la pyélonéphrite (infection du rein). Les femmes sont nettement plus exposées que les hommes au risque de cystite pour des raisons anatomiques: elles possèdent un urètre court, ce qui augmente le risque infectieux. Les infections urinaires doivent être traitées le plus rapidement possible afin d'éviter qu'elles ne se propagent vers le rein.
La cystite est généralement d'origine bactérienne. Les symptômes peuvent être très variés. Il s’agit le plus souvent (en l’absence de fièvre) de brûlures mictionnelles (douleurs plus ou moins intenses au moment, à la fin ou après le passage de l'urine), d’émission très fréquente d’urine en faible quantité (pollakiurie), d’un besoin impérieux d’uriner (même en l’absence d’urine dans la vessie) ou de douleurs dans le bas du ventre.
Le traitement de la cystite aiguë non récidivante associe un traitement antibiotique à un anti-inflammatoire et à un antispasmodique. Il est impératif de boire au moins deux litres d'eau par jour. Pour les cystites récidivantes, des traitements complémentaires peuvent être recommandés.
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(1) «Safety, immunogenicity, and preliminary clinical efficacy of a vaccine against extraintestinal pathogenic Escherichia coli in women with a history of recurrent urinary tract infection: a randomised, single-blind, placebo-controlled phase 1b trial». The Lancet Infectious Diseases.
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