Des chiens pour flairer le diabète

Dernière mise à jour 26/11/18 | Article
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Certains chiens sont capables de détecter les chutes du taux de sucre dans le sang de leur propriétaire. Des aides précieuses pour mieux gérer un diabète.

On les reconnaît à leur petit gilet rouge et leur regard attentif: les chiens d’assistance sont toujours aux aguets, prêts à tout pour protéger leur propriétaire. Depuis de nombreuses années déjà, les chiens guides viennent en aide aux personnes malvoyantes. On sait moins, en revanche, qu’ils peuvent aussi être très utiles pour d’autres pathologies. Parmi elles, les maladies neurologiques ou encore le diabète. «Easy, notre petite cocker brune et grise, vient toujours me chercher si elle sent que mon fils va faire une hypoglycémie, témoigne Sandra, la maman d’un petit garçon de cinq ans atteint de diabète. Elle se manifeste auprès de mon fils, lui lèche le visage et fait un grattement particulier avec sa patte. Puis elle vient vers nous faire les mêmes signes, pour être sûre que nous réagissons.» Easy est ce qu’on appelle un chien d’assistance, formé spécifiquement pour le diabète. Notamment grâce à son odorat très développé, elle parvient à anticiper les chutes du taux de sucre dans le sang de son petit propriétaire.

Sentir le diabète

En plus de cet odorat particulièrement sensible, les chiens vivent en symbiose avec les humains. Ces spécificités les rendent très attentifs à notre état de santé. «Une étude parue en 2008 a démontré que même parmi les chiens qui n’ont reçu aucune formation spécifique, deux tiers d’entre eux réagissaient aux hypoglycémies de leur propriétaire, raconte la Dre Sophie Stoppa-Vaucher, endocrinologue et diabétologue pédiatre. Ils détectent sans doute un changement d’odeur, mais peut-être aussi une gestuelle ou une élocution qui se modifie légèrement.»

Pour percevoir une odeur, encore faut-il que le diabète sente quelque chose. Ce sont a priori surtout les hormones que le chien flairerait. «L’hypoglycémie signifie que le taux de sucre présent dans le sang baisse brusquement, explique la diabétologue. Le corps doit alors réagir et fait intervenir certaines hormones pour essayer de faire augmenter ce taux. Nous supposons que ce sont elles que les chiens perçoivent, par exemple via la sueur.» Lorsqu’il remarque ce phénomène, le chien s’agite et donne des signaux. Cela permet à la personne de manger immédiatement quelque chose de sucré, afin d’éviter que la chute ne soit trop violente. Dans certains cas, les chiens sont mêmes plus rapides que les machines. Alors que les analyses sanguines ne montrent encore rien d’anormal, ces animaux peuvent parfois déjà prédire que le taux de sucre va baisser. «Easy est très réactive, remarque Sandra. Souvent, elle nous avertit même une demi-heure avant l’hypoglycémie. Nous pouvons vraiment lui faire confiance.»

Une formation coûteuse

Avant de pouvoir venir en aide à Sandra et son fils, le cocker Easy a dû suivre une longue formation. Tout d’abord, une famille d’accueil lui a donné des bases d’éducation et de socialisation. Ensuite, elle a poursuivi sa formation avec l’association Farah Dogs, spécialisée dans l’éducation des chiens d’assistance. Au départ, les chiens n’ont pas de «spécialisation» déterminée. C’est au sein de l’association que leurs facilités envers l’une ou l’autre des pathologies seront identifiées. Ils approfondiront ensuite leurs capacités avant de rejoindre leur nouveau propriétaire. Dans le cas du diabète, il s’entraînera à l’aide d’habits portant l’odeur de son futur maître en hypoglycémie. «Les chiens sont donnés gratuitement aux patients, mais leur formation coûte très cher, jusqu’à 30'000 francs, estime Nicole Boyer, directrice de l'association Farah Dogs. Pour pouvoir proposer plus de chiens aux personnes qui en auraient besoin, il faudrait vraiment que leurs formidables capacités soient mieux connues et valorisées.»

Même son de cloche du côté du monde médical: «Pour que le recours au chien d’assistance prenne de l’essor, il faut encourager de nouvelles études scientifiques, afin de renforcer encore ces connaissances», appuie la Dre Stoppa-Vaucher. Actuellement, les médecins tout comme le grand public ne pensent pas toujours à faire appel à un chien d’assistance. Pourtant, ces compagnons à quatre pattes améliorent nettement la vie de certains patients.

«C’est plus qu’un chien, c’est un compagnon»

Michel, 70 ans, est le propriétaire de Cactus depuis deux ans. Il témoigne: «Je suis atteint de diabète de type 1 depuis de nombreuses années. Avant, c’est ma femme qui me réveillait quand je faisais des hypoglycémies pendant la nuit. Il suffisait ensuite que je mange un bircher pour que ça passe. Mais après le décès de mon épouse, personne ne remarquait ces hypoglycémies nocturnes. Un matin, on m’a retrouvé dans le coma. J’ai aussi fait une attaque et on a dû me poser deux stents. Peu de temps après cette hospitalisation, j’ai découvert dans le journal qu’il existait des chiens pour diabétiques. J’ai donc contacté l’association Farah Dogs. C’est grâce à eux que j’ai fait la connaissance de mon Cactus, un cocker anglais. Dès qu’il m’a vu, il est tout de suite venu vers moi. Je suis sûr qu’il m’a choisi. Aujourd’hui, c’est lui qui me réveille en cas d’urgence. Il sait quand je suis en hypoglycémie, alors il me lèche les bras et le visage pour que je me lève et reprenne du sucre. Au fil du temps, c’est devenu bien plus qu’un chien, c’est un vrai compagnon. Je le prends partout avec moi, en promenade, pour faire les courses, chez le médecin… Il est tout le temps attentif à ce que je fais. Si en forêt il m’arrive de trébucher sur une racine, il se retourne immédiatement d’un air inquiet pour vérifier ce qui se passe. Cactus est vraiment unique!»

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Paru dans le Quotidien de La Côte le 07/11/2018.

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