Une puce sur la rétine
Cet essai clinique de prothèse rétinienne est le fruit de plus de dix ans de recherches auxquelles ont participé deux scientifiques du service d’ophtalmologie des HUG : Jörg Sommerhalder, docteur en physique, et Angélica Pérez Fornos, docteure en ingénierie biomédicale et maître-assistante à la Faculté de médecine de l’Université de Genève. Ils participent à l’évaluation d’un implant électronique de 5 mm destiné aux rétines déficientes de patients malvoyants. Cette puce, qui comprend 60 électrodes, est implantée par un chirurgien au fond de l’oeil, sur la rétine. Elle est conçue par la société américaine Second Sight et va bientôt être
commercialisée. Avec cet implant, le patient reçoit des lunettes, auxquelles est fixée une caméra, reliée à un boîtier électronique.
Reconstruire une image
Grâce à cet appareillage, la personne scanne ce qu’elle a devant elle avec ses lunettes, la caméra enregistre une image qui est transformée en impulsions électriques et transmise au récepteur implanté sur l’oeil. Puis, la puce envoie des impulsions aux neurones de la rétine et le cerveau construit une image à l’aide des informations reçues. Car il ne les obtient plus automatiquement, pour cause de cellules rétiniennes endommagées ou disparues suite à une dégénérescence liée à la rétinite pigmentaire, par exemple. La prothèse est donc posée dans le but de remplacer la fonction des photorécepteurs disparus. Avec cet implant, des gens qui ne voyaient quasiment plus rien arrivent à distinguer le jour de la nuit ou peuvent se déplacer et effectuer des tâches quotidiennes. « Comme dans toute recherche médicale, il existe une part d’aléatoire, car chaque patient est différent et sur les 60 électrodes de l’implant, certaines ne sont pas utilisables pour une stimulation permanente, explique Angélica Pérez Fornos. Les sensations varient selon l’état de sa rétine, son âge, la distance des cellules à stimuler par rapport à la puce, le positionnement de l’implant sur la rétine, la réaction des tissus, les seuils de stimulation nécessaires ou alors la plasticité de son cerveau.»
Bilan positif
Deux patients des HUG ont accepté de participer à un protocole de recherche sur cet implant encore à l’état de prototype. « L’un a été implanté en 2008 et l’autre en 2009 par un chirurgien rétinien expérimenté », explique Jörg Sommerhalder. «Ils se sont engagés à venir passer des tests une fois par semaine pendant trois ans afin d’améliorer cette prothèse rétinienne. Nous évaluons alors leurs sensations, les tâches qu’ils sont en mesure d’effectuer, leurs perceptions, afin de mieux comprendre la stimulation de la rétine.» Pour l’instant, le bilan est positif, car la prothèse rétinienne s’avère en général bien tolérée par les patients. La recherche se poursuit donc pour améliorer les perceptions visuelles délivrées par cet implant.
Source
Pulsations - juillet-août 2011
Article original: http://www.hug-ge.ch/_library/pdf/Actualite_sante/Journale_Pulsations_07_2011/p08_13_DOSSIER.pdf