Les inégalités sont aussi dans l’assiette

Dernière mise à jour 07/02/24 | Article
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Manger équilibré permet de rester en bonne santé. Malheureusement, le niveau socio-économique ne permet pas à tout le monde de s’alimenter correctement.

L’alimentation idéale devrait être constituée de produits de bonne qualité et être variée et équilibrée : fruits, légumes, sources de protéines, féculents, céréales, produits laitiers, etc. C’est indéniable : manger sainement a un impact sur la santé et, par conséquent, mal se nourrir expose à un risque accru de développer des maladies. « Parmi les pathologies liées à une mauvaise qualité nutritionnelle, il y a l’obésité, le diabète de type 2, l’hypertension, les maladies cardiovasculaires, dont les accidents cérébraux, entre autres. Des atteintes rénales peuvent aussi être la conséquence d’une alimentation déséquilibrée, tout comme certains cancers, celui du côlon notamment, qui pâtit d’un manque de fibres », explique le Pr Idris Guessous, médecin-chef du Service de médecine de premier recours des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). 

Ce qui est déterminant pour la qualité des aliments présents dans l’assiette est non seulement le revenu des personnes, mais aussi leur niveau d’éducation. « Des données genevoises et lausannoises illustrent très bien cela. D’ailleurs, lorsqu’une personne profite d’une ascension sociale, elle améliore son alimentation. Cela est en partie dû à une hausse de ses moyens financiers, mais aussi à une meilleure qualité de vie en général », poursuit le Pr Guessous. 

Plaisir immédiat dans le sucre et le gras

Par ailleurs, qui dit emploi plus valorisant, dit aussi souvent meilleure estime de soi, vie sociale plus épanouie et moins de tracas, autant de facteurs qui influencent positivement la qualité des repas. Il est en effet plus facile de se mettre aux fourneaux ou de manger dans le calme et des aliments de qualité lorsque l’on se sent bien dans les différentes sphères de sa vie. 

Reste que, gras et accompagnés de boissons sucrées, les hamburgers et autres nuggets ont la formule chimique parfaite pour appâter les gens et les rendre accros.  « Les mets de fast-food rapidement prêts fournissent un plaisir immédiat, alors qu’un repas sain qui nécessite plus d’efforts et de patience apporte une satisfaction dans le temps », explique Idris Guessous. 

Le spécialiste est toutefois optimiste puisque, ces dernières années, les inégalités nutritionnelles diminuent. Il explique : « Nous vivons dans une société qui prospère et, tout comme la sécurité routière a été améliorée au fil du temps, la qualité nutritionnelle de la population générale est meilleure. Cela est clairement lié à une qualité de vie bonifiée. C’est d’ailleurs un facteur très important. Raison pour laquelle les politiques de santé publique – plutôt que de se focaliser sur l’alimentation – pourraient avoir une approche plus globale qui influencera indirectement la nutrition. Lorsque l’on est débarrassé des préoccupations du quotidien et que la vie est moins difficile, on est plus à même de s’intéresser au contenu sain de son assiette ! » 

L’éducation a toutefois aussi un rôle à jouer. Mieux on connaît ce dont le corps a besoin pour bien fonctionner et ce qui lui nuit, meilleure sera la qualité de notre alimentation. En la matière, hommes et femmes ne seraient d’ailleurs pas à égalité… « Les femmes ont tendance à mieux manger que les hommes. Elles parviennent plus facilement à diminuer leur consommation de viande, par exemple, et sont, de manière générale, mieux informées », conclut le Pr Guessous.

Planifier et moins jeter

Pour Rebecca Eggenberger, responsable alimentation et objets usuels à la Fédération romande des consommateurs (FRC), il est possible de bien se nourrir sans se ruiner. « Diminuer la consommation de viande et de boissons en bouteille, boire davantage d’eau du robinet, éviter le gaspillage alimentaire, permettent de réduire les dépenses alimentaires », explique-t-elle. Pour rappel, en Suisse, un adulte jette en moyenne 90 kg de nourriture par an. « Pour une famille de quatre personnes, ce gaspillage représente une somme d’environ 2000 Fr ! », souligne l’experte. Avant de préciser : « Cela est en partie dû à une compréhension des dates de péremption qui n’est pas toujours optimale et à un manque de planification des repas. » 

Ainsi, la bonne vieille liste de courses, faite après avoir regardé ce qu’il reste dans le frigo et les placards, évite d’acheter des produits en trop. « Ranger correctement les aliments, avec les plus périssables au premier plan et les autres derrière, est une autre astuce pour ne pas gaspiller », poursuit la spécialiste. Sans oublier que la plupart des aliments secs dont l’emballage indique « Consommer de préférence avant » sont encore comestibles longtemps après cette date. Les yogourts et certains fromages sont aussi mangeables quelques jours après l’échéance indiquée. La clé : se fier à ses sens avant de jeter. 

Rebecca Eggenberger met également en garde contre certaines « actions » qui n’en sont pas : « Acheter en grande quantité quelque chose que nous ne pourrons pas consommer, même à moindre prix, n’est pas judicieux. Mieux vaut n’acheter que ce dont nous avons besoin. Il faut également se méfier des viandes en action qui sont parfois des produits décongelés que l’on ne pourra donc pas congeler s’il y en a trop ! » 

Privilégier les aliments bruts et cuisiner soi-même est aussi moins onéreux et plus sain que de se nourrir de plats préparés ou ultratransformés. Enfin, selon des tests réalisés par la FRC, les denrées des gammes bon marché ont souvent des qualités nutritionnelles semblables, voire meilleures, que les autres.

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