Activité physique et alimentation: les clés pour vieillir en bonne santé?

Dernière mise à jour 30/06/14 | Article
Activité physique et alimentation: les clés pour vieillir en bonne santé?
La vitamine D, les oméga 3 et l’exercice physique sont connus pour avoir des effets bénéfiques sur le processus de vieillissement. Encore faut-il le prouver. C’est ce que se propose de faire l’étude DO-HEALTH, à laquelle participent des équipes suisses.

Ce n’est pas une recette de grand-mère, mais une recette pour les grands-mères – et par la même occasion pour toutes les autres personnes âgées. Des équipes genevoise, bâloise et zurichoise participent à une étude clinique européenne qui vient d’être lancée, baptisée DOHEALTH. Elle vise à mesurer sur le long terme l’action combinée de trois mesures de prévention des maladies associées au vieillissement: la vitamine D, les acides gras oméga 3 et l’exercice physique.

Le professeur R. Rizzoli

Compte tenu de l’évolution démographique de la population européenne, les maladies chroniques associées au vieillissement vont augmenter de façon très nette durant ces vingt prochaines années. D’où l’intérêt de la recherche de moyens thérapeutiques sûrs et, surtout, abordables, visant à les prévenir. Explications avec le professeur René Rizzoli, chef du Service des maladies osseuses aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), et investigateur principal de la partie genevoise de DO-HEALTH.

Planète santé: Est-il encore nécessaire d’apporter la preuve que l’exercice physique est bénéfique contre les maladies liées au vieillissement?

René Rizzoli: Tout le monde en est convaincu mais il est difficile de réaliser une étude qui en apporte la preuve formelle à long terme. Il existe un grand nombre de travaux qui démontrent les bienfaits de l’exercice physique sur la santé, mais ces recherches ne durent généralement que quelques semaines ou mois. A partir de là, il est possible d’extrapoler mais cela n’est pas satisfaisant. Des études comme la nôtre, qui durera trois ans, sont très rares. Les patients arrêtent facilement l’exercice physique régulier par lassitude. Par ailleurs, ce qui fait notre originalité, c’est que nous analyserons l’interaction de l’exercice physique avec la qualité de l’alimentation, grâce à la prise régulière de vitamine D et d’acides gras oméga 3. Il se trouve qu’une étude similaire vient également d’être lancée aux Etats-Unis (VITAL). Cela signifie que d’ici quatre ou cinq ans, en combinant les résultats des deux recherches, nous disposerons d’une excellente statistique en la matière.

Quels effets allez-vous mesurer?

Nous allons examiner l’efficacité de ces trois mesures (activité physique, vitamine D, acides gras oméga 3) dans la prévention des fractures, des chutes, de la diminution de l’indépendance fonctionnelle, de l’augmentation de la tension artérielle, de la baisse des performances cognitives, du taux d’infection, des douleurs dues à l’arthrose, etc. Nos critères d’évaluation comprennent aussi les troubles gastriques, la santé mentale et orale, la qualité de vie et la mortalité. C’est un panorama très complet des maladies liées à la vieillesse.

Les résultats de votre étude permettront-ils de rallonger l’espérance de vie?

L’objectif de DO-HEALTH n’est pas tant de rallonger la durée de vie que de mettre en place des moyens qui permettent aux gens de vieillir en bonne santé. Nous nous adressons à trois partenaires. Le premier est évidemment le patient, la personne âgée de plus de 70 ans, dont on aimerait préserver l’indépendance et la qualité de vie le plus longtemps possible. Le deuxième est le corps médical, qui est déjà largement persuadé de l’importance de la prévention dans le vieillissement. Le troisième est le monde politique: nous aimerions que les autorités considèrent davantage la prévention comme une priorité. Il faut qu’elles comprennent que ce qu’on investit aujourd’hui dans la prévention des méfaits du vieillissement, ce sont autant de coûts évités dans le futur. Surtout que la problématique finira par concerner la plupart d’entre nous aussi, même si c’est dans quelques années.

Sait-on ce que coûte la vieillesse à la société?

C’est impossible à chiffrer globalement. Ce que je peux affirmer, en revanche, c’est que dans le domaine spécifique des os, qui est ma spécialité, le fait d’administrer des médicaments contre l’ostéoporose à des personnes ostéoporotiques de plus de 75 ans permet d’éviter des fractures et ainsi d’économiser des frais médicaux importants à la société. Et par la même occasion, on préserve la qualité de vie de ces personnes. Ce n’est qu’un exemple mais il faut savoir que 30% de la population de plus de 70 ans est victime d’une chute qui peut se traduire par une fracture osseuse, une perte de mobilité et donc d’indépendance.

Quelle est la tendance de l’état de santé de la population suisse de plus de 70 ans aujourd’hui?

On retrouve les mêmes clivages que dans le reste de la société. L’isolement et la malnutrition, par exemple, touchent encore beaucoup de personnes âgées, souvent les plus pauvres. Trop nombreuses sont également celles qui perdent leur indépendance. Mais d’un autre côté, il est réjouissant de voir que les seniors sont aussi très nombreux à faire la queue devant les agences de voyage et à vivre leur retraite dans une forme éblouissante.

L’étude DO-HEALTH en quelques chiffres

L’étude DO-HEALTH inclura 2200 personnes (hommes et femmes) vivant chez elles et âgées de plus de 70 ans, l’âge auquel les maladies chroniques deviennent nettement plus fréquentes.

Il s’agit d’une étude multicentrique, menée dans les Hôpitaux de Zurich (qui coordonne le projet), Genève, Bâle, Coimbra, Innsbruck, Berlin et Toulouse. Elle durera trois ans.

DO-HEALTH étudiera l’efficacité individuelle et combinée de prises quotidiennes de vitamine D et d’acides gras oméga 3 ainsi que d’un programme d’exercices physiques simples effectués à la maison (3 fois trente minutes d’exercice par semaine). Le groupe de contrôle s’adonnera à des séances d’assouplissement.

Pour assurer une bonne adhésion à l’étude, tous les participants seront contactés à intervalles de trois mois. Ces entretiens se dérouleront neuf fois par téléphone et quatre fois à l’Hôpital cantonal pour une visite d’au moins quatre heures.

Le recrutement a lieu jusqu’en août 2014. Les personnes qui remplissent les critères énumérés ci-dessous et qui sont intéressées à participer à cette recherche peuvent s’informer au Service des Maladies Osseuses, Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), tél.: 079 553 27 79.

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