Les secrets du microbiote intestinal
Depuis quelques années, la recherche s’intéresse de près à cet organe pour connaître sa composition et comprendre son rôle dans le développement de certaines maladies. Le but: trouver l’équilibre parfait pour une bonne santé.
Dans nos intestins, des milliards de bactéries dégradent les fibres alimentaires pour permettre leur digestion, synthétisent certaines vitamines, génèrent des molécules indispensables à la fonction intestinale, et contribuent au bon fonctionnement du système immunitaire. Mais leur rôle sur la santé ne s’arrête probablement pas là.
Le rôle de l’alimentation
La composition du microbiote, unique chez chaque individu, est en partie déterminée génétiquement. Mais notre alimentation aurait aussi une influence: «Le microbiote des végétariens est différent de celui des omnivores. De même, les études démontrent que les personnes obèses ont un microbiote différent –en termes de diversité et de quantité– de celles ayant un poids normal, et que leur microbiote change en cas de perte de poids», déclare la Dre Laurence Genton, médecin en nutrition clinique aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
Selon une étude, une souris chez qui on a transplanté des selles d’un enfant dénutri, maigrit davantage qu’une souris ayant reçu les selles du jumeau de cet enfant, lui bien alimenté. A l’inverse, la transplantation de selles d’une grosse souris peut conduire à une prise de poids dans les modèles animaux. Il se pourrait donc qu’il y ait un lien entre le poids et le microbiote, qui régule peut-être la dépense d’énergie, voire l’appétit, complète la spécialiste: «On se demande si les bactéries intestinales influencent l’appétit en augmentant ou en diminuant la sécrétion d’hormones intestinales». Le Pr Jacques Philippe, responsable de l’unité d’endocrinologie, diabétologie et nutrition des HUG, explique en effet que le microbiote produit des substances, telles que l’acétate, qui favorisent le syndrome métabolique (obésité, diabète, etc.). «Or, plus on mange gras, plus on en sécrète et donc plus on s’expose».
Avec le Pr Jacques Schrenzel, le Pr François Herrmann et le service de néphrologie des HUG, la Dre Laurence Genton mène une recherche sur le microbiote des personnes dénutries: «On cherche à voir si certains composants alimentaires améliorent l’état nutritionnel et la masse musculaire en modifiant la composition bactérienne intestinale». Le but: trouver des façons d’augmenter la masse musculaire pour favoriser la tolérance aux traitements et améliorer le pronostic et la qualité de vie de ces patients.
Vers l’équilibre parfait?
On ignore quelle est la composition idéale du microbiote, mais il semble qu’une mauvaise alimentation ou certaines maladies conduisent à son déséquilibre. Une composition déséquilibrée –par exemple, certaines espèces de bactéries trop représentées par rapport à d’autres– pourrait être à l’origine de pathologies telles que l’obésité, le diabète, des maladies inflammatoires intestinales chroniques, le cancer colorectal ou certaines affections du foie. Mais ce ne sont là que des hypothèses. «Les mécanismes restent encore largement méconnus», conclut la spécialiste.