Les microbes ne sont pas forcément mauvais pour notre santé
A la loupe
Plus nombreux que les cellules à l’intérieur du corps, les microbes sont classés en quatre branches: les virus, les bactéries, les champignons et les protozoaires. Lorsque les biologistes les observent au microscope, ils remarquent rapidement que tous ces micro-organismes ne sont pas forcément néfastes pour la santé. Patrick Linder, professeur au département de Microbiologie et Médecine moléculaire (MIMO) de l’Université de Genève, nous apprend qu’on vit avec eux en totale symbiose. Pour lui, trois facteurs sont déterminants pour la santé d’un individu ; son bagage génétique, l’environnement et les microbes.
Bien dans son assiette
«L’alimentation est l’exemple par excellence qui montre que les bactéries contribuent à nous maintenir en bonne santé», affirme le Pr Linder. Sans les microbes, l’homme ne pourrait pas faire de grands festins. Grâce aux levures et autres bactéries, de nombreux produits alimentaires subissent des fermentations qui permettent à la fois une meilleure conservation, une meilleure digestion ainsi qu’un goût meilleur, comme c’est le cas du salami, du vin et du fromage. Avec autant de superlatifs, il serait mal venu de considérer les bactéries comme nos ennemies. Sans compter que l’apparition de l’armoire frigorifique réduit considérablement la prolifération d’individus pathogènes et, par le même biais, les risques d’intoxication alimentaire.
Comme les aliments et le frigo, le système digestif regorge de micro-organismes, constituant une flore protectrice qui chasse l’assaillant des intestins. C’est en effet dans les intestins que l’on trouve le plus grand nombre de bactéries, protégeant leur hôte d’intrus néfastes. Comment procèdent-elles? Tout d’abord, elles sont tellement nombreuses - près de mille milliard par gramme de selles, rien que dans le côlon - que les éventuels organismes pathogènes ont de la peine à se faire une place. Puis, de par leur ressemblance avec leurs homologues infectieux, le système immunitaire reste en alerte et reconnait facilement l’assaillant. Finalement, certaines bactéries n’apprécient pas la concurrence et se chargent elles-mêmes d’éliminer l’adversaire.
Les grandes invasions barbares
A l’image de ce qui se passe dans notre estomac, les microbes sont indispensables à l’équilibre de la vie. Certains ne nous veulent pourtant pas que du bien et se sont rendus coupables de maux dévastateurs. On pense notamment à la peste (Yersinia pestis, bactérie découverte au XIXème), au choléra (Vibrio cholerae, bactérie aquatique aficionada des eaux saumâtres et insalubres), au sida (triste virus de l'immunodéficience humaine ou VIH) et à la grippe (autres fâcheux virus). «Le contexte historique et social influence énormément la force destructrice d’une épidémie», nous rappelle le Pr Laurent Roux, virologue et directeur du MIMO. A l’heure actuelle, de nombreuses parades ont été mises au point pour freiner les microbes comme la pasteurisation, la pénicilline et les antibiotiques. Sans parler des normes d’hygiène qui ont considérablement prolongé la longévité de l’être humain.
Les différents types de microbes
Le virus: organisme composé d’un ou de plusieurs particules d’acide nucléique (ADN, ARN) et d’une coque de protéine. C’est un parasite intracellulaire obligatoire, c’est-à-dire qu’il a besoin de cellules hôtes afin de se multiplier.
Les bactéries: organisme d’une seule cellule dénuée de noyau, se compte par plus de dix mille milliards d’individus dans le corps humain.
Les archées: unicellulaires dénuées de noyau aussi appelées archéobactéries. A l’heure actuelle, aucune n’est réellement désignée comme pathogène ou parasite.
Les champignons: organisme constitué de plusieurs cellules dotées d’un noyau détenant l’information génétique. Certains sont unicellulaires, telles les levures, d’autres forment des hyphes et des mycéliums, à l’instar des champignons que nous consommons.
Les protozoaires et protophytes: Cellules eucaryotes (cellule contentant un noyau) parfois pathogène.