Le monde fascinant des bactéries
Dix fois plus nombreuses que les cellules présentes dans le corps humain, les bactéries ont cent fois plus de gènes que nous. Mais ce qui est encore plus surprenant, c’est que ces petits organismes vivants, qui ne possèdent même pas de noyau (procaryotes) contrairement à nos cellules (eucaroytes), sont d’une diversité étonnante. Si elles présentent toutes une ou deux membranes, leurs parois confèrent à chacune d’entre elles une forme typique et particulière. Coques, bâtonnets, spirales ou encore virgules: la nature a créé des espèces aussi rares que belles et utiles. Tour d’horizon en images de quelques spécimens particulièrement intéressants.
EXPERTS
1/ Bifidobacterium bifidum – Le probiotique «fourchu»
Les Bifidobacteria, découvertes en 1899 par Henri Tissiers, produisent de l’acide lactique et acétique à partir du lactose. C’est à cause de leur forme en Y qu’on les appelle bifidus. Très abondantes dans l’intestin des enfants, moins nombreuses chez l’adulte, les bifidobactéries sont souvent utilisées comme probiotiques. Elles «survivent» au processus digestif et restent vivantes dans l’intestin, ce qui leur permet de se mettre en compétition avec des pathogènes. Les bifidobactéries empêchent alors ces derniers de s’installer et de créer une infection.
2/ Helicobacter pylori –Une question de survie
Helicobacter pylori est une bactérie assez remarquable. Sa particularité? Elle arrive à survire dans l’acidité de l’estomac. Redécouverte en 1982, elle est à l’origine d’ulcères d’estomac et même de cancers. Grace à ses flagelles, cette bactérie peut se nicher dans le mucus de l’estomac où elle transforme l’urée en ammoniac pour augmenter localement le pH.
3/ Pseudomonas aeruginosa – Une résistance efficace
Présente dans l’environnement, la Pseudomonas aeruginosa colonise et provoque des infections des poumons chez les patients atteints de mucoviscidose ou chez ceux qui doivent être ventilés mécaniquement. Ces bactéries sont naturellement résistantes contre de nombreux antibiotiques grâce à leur membrane qui peut être totalement imperméable au milieu extérieur, mais aussi grâce aux multiples pompes à efflux qu’elles possèdent. Celles-ci leur permettent de «pomper» vers l’extérieur les antibiotiques ou autres substances non-désirées.
4/ Staphylococcus aureus – Médaille d’or des infections
Les Staphylocoques forment des agrégats (grappes = Staphylos) composés de bactéries rondes (coques). Staphylocoques aureus est présente dans les narines d’un tiers de la population. Pour autant, toutes ces personnes ne sont pas malades. En réalité, la bactérie «attend» une opportunité, par exemple une faiblesse du système immunitaire ou l’ouverture d’une «brèche» (chirurgie, etc.), pour pouvoir créer une infection. Les Staphylocoques peuvent également se cacher à l’intérieur de cellules humaines ou sous des couches de sucres (qu’eux-mêmes sécrètent) dans le but de générer des infections persistantes extrêmement difficiles à combattre. Le Staphylocoque doré est principalement redouté pour sa capacité d’acquisition de gènes de résistance aux antibiotiques. C’est le cas par exemple des fameux SARM (Staphylococus aureus résistant à la méticilline).
5/ Salmonella enterica – L’œuf et la poule
Les bactéries de la famille des Salmonella enterica, dont la très connue Salmonella typhimurium, provoquent des infections alimentaires avec diarrhées en grande quantité. Elles sont surtout présentes chez les volailles et peuvent contaminer les poulets ou les œufs. Leur cousine, la Salmonella typhi, est l’agent de la fièvre typhoïde dont le seul hôte est l’homme.
6/ Streptomyces griseus – La fabrique à antibiotique
Extrêmement importantes pour l’Homme, les Streptomyces sont présentes dans les sols. Mais elles n’y sont pas seules. Alors, pour tenter d’éliminer leurs concurrents, elles produisent... des antibiotiques! En 1952, Selman Waksman a reçu un prix Nobel pour avoir réussi à isoler le premier antibiotique, la streptomycine, qui a permis de lutter contre la tuberculose. Des antibiotiques naturels ou leurs dérivés sont encore utilisés aujourd’hui, bien qu’il existe aussi des formes purement artificielles.
7/ Borrelia burgdorferi – La terreur des randonneurs
Borrelia burgdorferi est l’agent de la borréliose ou maladie de Lyme. Ces bactéries infectent normalement des animaux comme des cerfs ou des petits rongeurs, mais peuvent aussi être véhiculées par les tiques et infecter l’homme par leur biais. Si on la diagnostique rapidement, la borréliose peut être traitée par les antibiotiques. Mais si on ne la repère pas, elle peut évoluer et poser des problèmes cardiaques, neurologiques et articulaires.