Deux ans après l’arrêt du tabac, le risque d’infarctus revient à la normale
Un argument de poids pour arrêter le tabac, et la démonstration que le corps humain peut avoir une plasticité insoupçonnée : telles sont les deux leçons que l’on peut tirer d’une étude qui vient d’être présentée à Amsterdam, où se tenait le congrès de la Société européenne de cardiologie. Elle a été présentée par le Dr James Din, directeur de l’Institut d’imagerie cardiovasculaire du New York Presbyterian Hospital (Weill Cornell Medical College). Les auteurs se sont intéressés aux relations chiffrées pouvant être établies entre la sévérité de la maladie coronaire (responsable de l’infarctus du myocarde) et l’arrêt de la consommation de tabac.
Scanners des coronaires
Les recherches ont pu être effectuées grâce aux informations d’un registre international, l’étude CONFIRM (pour Coronary CT Evaluation for ClinicalOutcomes: An International Multicenter Study). Ce registre recense les données médicales de 13 372 personnes de neuf pays d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Asie de l’Est.
Les chercheurs se sont plus particulièrement intéressés, de manière prospective, aux accidents cardiaques majeurs pouvant survenir au fil du temps dans différents groupes: 2853 fumeurs, 3175 anciens fumeurs (ou fumeurs «repentis») et 7344 personnes qui n’avaient jamais consommé de tabac de leur vie. Leurs analyses étaient basées sur les résultats d’examens par scanner des coronaires, qui offre une parfaite visualisation de ces artères nourricières du cœur.
Athérosclérose
Dans un premier temps, ce travail confirme que la consommation de tabac peut avoir un impact hautement négatif sur le cœur: les lésions (artériopathies) des coronaires sont plus fréquentes et plus sévères dans les deux premiers groupes de l’étude. Les artères des fumeurs et anciens fumeurs sont notamment beaucoup plus souvent le siège de dépôts d’athérosclérose qui en réduisent le diamètre: une situation qui augmente de manière très importante le risque d’infarctus du myocarde. Le Dr Min et ses collègues ont constaté que les fumeurs présents et passés avaient une probabilité 1,5 fois plus élevée de sténoses sévères (réduction de plus de la moitié de la lumière artérielle) dans une ou deux grandes coronaires, et un risque doublé de sténoses sévères dans trois grandes coronaires.
Mais les observations ne s’arrêtent pas là. Les chercheurs américains constatent en effet que si le fait d’arrêter de fumer ne réduit pas les anomalies coronariennes causées par le tabagisme, il réduit cependant le risque d’infarctus du myocarde et de décès cardiovasculaire. Et ce au point de ramener ce risque au niveau de celui des non-fumeurs. En effet, après deux ans de suivi, 2,1% des personnes suivies dans le cadre de cette étude ont eu un infarctus du myocarde, mortel ou pas. Cas de figure qui a été deux fois plus fréquent chez les fumeurs que chez les non-fumeurs. Mais, et c’est le grand enseignement de ce travail, les anciens fumeurs avaient le même taux d’infarctus, mortel ou pas, que ceux qui n’avaient jamais fumé – et ce en dépit de leurs lésions coronariennes.
Il n’est jamais trop tard
Comment comprendre cette découverte? Il semble, selon les chercheurs, que les anciens fumeurs ont plus fréquemment des lésions d’athérosclérose d’un type particulier, qui ont, moins que d’autres, tendance à se rompre et à provoquer ainsi des infarctus du myocarde. Tout se passe comme s’il y avait une forme de régénération cardiovasculaire induite par le fait d’arrêter de consommer du tabac. Au point que les chercheurs américains en viennent à conclure que les dégâts causés par le tabac ne sont pas irréversibles dès lors que l’on est parvenu à en finir de manière définitive avec cette consommation.
Pour résumer son travail le Dr James Min a lui-même conclu: «Il n'est jamais trop tard pour cesser de fumer». Ce qui n’interdit pas de rappeler aux fumeurs que le plus tôt est le mieux.
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