Cigarettes aujourd’hui… et demain?
Besoin d’un coup de main?
L’idéal, pour la santé, est évidemment de ne pas fumer du tout. Vous souhaitez arrêter? Voici différentes plateformes pour vous soutenir dans votre démarche.
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Fumer tue, on ne le répétera jamais assez. En Suisse, 9’500 fumeurs meurent chaque année des conséquences du tabagisme. Leur espérance de vie est diminuée de quatorze ans en moyenne.
Face à cette réalité, l’arrêt s’impose. Fait encourageant, jeter son paquet de cigarettes aux oubliettes a des bénéfices immédiats pour la santé, avec une réduction des risques de maladies cardiovasculaires et pulmonaires, ainsi que de cancers. Mais les symptômes du manque peuvent être difficiles à supporter, en raison de l’addiction à la nicotine.
Combustion cancérigène
Lorsqu’elle est absorbée par inhalation, la nicotine est particulièrement addictive: il suffit de quelques semaines pour que la dépendance s’installe. En soi, elle n’est pourtant pas toxique aux doses habituelles. «La toxicité de la cigarette provient surtout de la combustion du tabac, explique Jean-François Etter, professeur en santé publique à l’Université de Genève. Mais la toxicité du snus (tabac à usage oral, non brûlé), dont on a retiré les nitrosamines cancérigènes, est quant à elle très faible.»
Parmi les substances nocives issues de la combustion, on retrouve les goudrons, principale cause des cancers liés à la fumée. Il y a également le monoxyde de carbone, qui remplace l’oxygène dans la circulation sanguine et cause des maladies cardiovasculaires. C’est pour cette raison que les industriels cherchent des alternatives à la cigarette, dans lesquelles on éviterait de brûler le tabac.
Vapeur ou tabac «chauffé»?
Dans la vaporette (ou cigarette électronique), il n’y a pas de tabac. La nicotine est absorbée sous forme d’aérosol à partir de liquides. Si on ne connaît pas encore les risques à long terme de cette consommation, les experts la considèrent comme substantiellement moins dangereuse que la cigarette. «Les médecins devraient proposer directement la vaporette pour arrêter de fumer, estime le Pr Etter. Elle est aussi efficace que les patchs et les chewing-gums.»
Nouvelle venue dans la famille des cigarettes électroniques, la Juul rencontre un grand succès aux Etats-Unis, lancée à grand renfort de marketing pour séduire les jeunes. Ses liquides contiennent de la nicotine sous forme de sels, ce qui permet d’en obtenir une dose élevée, mais en absorbant moins d’aérosols. Cela limite l’inhalation de liquides, contenant notamment des arômes alimentaires à la toxicité encore mal connue.
Autre alternative: les produits de tabac «chauffé», comme l’IQOS de Philip Morris. Ils sont composés d’une cigarette insérée dans un dispositif chauffant. Ils amènent la nicotine dans le sang à la même vitesse et à la même dose qu’une cigarette classique. Mais en ce qui concerne les risques, le débat fait rage. L’industrie cigarettière soutient que le tabac ne brûle pas et qu’on évite ainsi les substances nocives de la combustion. «Pourtant, quand on ouvre une IQOS après consommation, on voit bien que les restes sont carbonisés», nuance le Pr Etter. Une étude indépendante récente[1] souligne la présence de pyrolyse, un processus de combustion incomplète qui entraîne l’émanation de nombreux produits toxiques.
En attendant des recherches qui préciseront la nature de ces composants nocifs, on retiendra que ces alternatives ne sont pas sans risque pour la santé.
Le point légal
Parmi les pays développés, la Suisse possède l’une des législations les plus laxistes sur le tabac. En 2016, le Parlement refuse une loi contenant l’interdiction de la publicité cigarettière. L’influence des lobbies sur les parlementaires est pointée du doigt. En novembre 2018, un nouveau projet de loi vise à interdire la vente de cigarette aux mineurs. Actuellement, cette décision est du ressort des cantons, et certains, comme Genève, n’imposent aucune limitation d’âge. Toute régulation supplémentaire de la publicité a été abandonnée. Une mesure qui aurait pourtant un réel effet. «Avec une interdiction totale de la publicité, un prix élevé et un paquet au design neutre, on arriverait à diminuer l’attractivité pour le réduire à ce qu’il est: un produit nocif», souligne Grégoire Vittoz, directeur d’Addiction Suisse.
Une initiative populaire, «oui à la protection des enfants et des jeunes contre la publicité pour le tabac», a été lancée par diverses organisations suisses de santé, notamment l’Alliance pour la santé en Suisse, la Ligue suisse contre le cancer, les ligues pulmonaires cantonales, entre autres. Plus d’informations sur enfantssanstabac.ch
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Paru dans Planète Santé magazine N° 33 - Mars 2019
[1] Berthet et al., Rev Med Suisse 2018;14:1935-41.
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Chaque année en Suisse, on dénombre environ 4100 nouveaux cas de cancer du poumon (carcinome bronchique), ce qui représente 10 % de toutes les maladies cancéreuses. Le cancer du poumon touche plus souvent les hommes (62 %) que les femmes (38 %). C’est le deuxième cancer le plus fréquent chez l’homme, et le troisième chez la femme. C’est aussi le plus meurtrier, avec 3100 décès par an.