Arrêt du tabac: comment faire dans la «vraie vie»?

Fumeurs, quand allez-vous arrêter de fumer? Vous savez mieux que d’autres que ce n’est pas seulement une question de volonté, comme le rappelle planetesante.ch. Les résultats d’une étude britannique fournissent ici de nouveaux conseils, à la fois précieux et documentés. Cette étude vient d’être publiée1 dans la revue Addiction. Que nous apprend-elle?
Aucun bénéfice sans suivi
Ce travail est signé Daniel Kotz, Jamie Brown et Robert West (Health Behaviour Research Centre, University College de Londres). Ces chercheurs ont travaillé sur les données de l’enquête britannique Smoking Toolkit Study. Cette dernière porte sur 10 335 personnes qui avaient essayé d'arrêter de fumer au cours des douze mois précédents. Toutes les données techniques (en anglais) sur cette étude sont disponibles ici.
Il apparaît au final que l’obtention tant désirée du sevrage tabagique est avant tout obtenue en s’adressant à des services ou consultations spécialisées. Mais il apparaît aussi que les fumeurs ne tirent, en moyenne, aucun bénéfice à l’achat de substituts nicotiniques dès lors que cet achat est disjoint de conseils suivis de spécialistes. En pratique, dans la «vraie vie», les meilleurs résultats sont obtenus à partir d’un soutien comportemental spécialisé associé, le cas échéant, à un substitut nicotinique ou à un médicament.
Six heures de vie de plus par jour de tabac en moins
Les chances de succès sont nettement améliorées avec l’accompagnement d’un professionnel. A l’inverse, l’achat «en solitaire» de substituts nicotiniques ne permet pas d’obtenir de meilleurs résultats que l’absence totale d’aide. C’est là une conclusion primordiale que devraient connaître toutes celles et ceux qui ont recours à cette méthode.
Il importe ici de rappeler, comme le fait le Pr Robert West, que l'arrêt du tabac permet de gagner six heures d’espérance de vie supplémentaire par jour de tabagisme évité. C’est dire l’importance qu’il y a à «dépenser» quelques heures, sur une période de six semaines, dans le cadre d’une consultation spécialisée. Le spécialiste pourra également prescrire le bon médicament ou le bon substitut et pourra conseiller sur la meilleure utilisation possible.
L’univers de la nicotine
Ce travail conduit à soulever une nouvelle fois la question de l’efficacité réelle des substituts nicotiniques dans l’optique d’un sevrage tabagique – un sujet traité ici sur planetesante.ch. Si la nicotine est généralement considérée comme le principal composant responsable des propriétés addictives du tabac, certains spécialistes des neurosciences estiment que les mécanismes de la dépendance au tabac sont nettement plus complexes.
C’est notamment le cas en France du Pr Jean-Pol Tassin, directeur de recherche à l’Inserm. Il estime, contre l’avis de nombreux tabacologues, que la nicotine seule ne suffit pas à déclencher l'état de dépendance chez les fumeurs. Ce qui expliquerait selon lui que près de 80% des utilisateurs de patchs à la nicotine recommencent à fumer.
Et c’est ce qui expliquerait également que fréquemment la cigarette électronique ne permet pas aux vapoteurs de sortir de l’univers de la nicotine.
1. Un résumé (en anglais) de cette étude est disponible ici.

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Cancer du poumon
Chaque année en Suisse, on dénombre environ 4100 nouveaux cas de cancer du poumon (carcinome bronchique), ce qui représente 10 % de toutes les maladies cancéreuses. Le cancer du poumon touche plus souvent les hommes (62 %) que les femmes (38 %). C’est le deuxième cancer le plus fréquent chez l’homme, et le troisième chez la femme. C’est aussi le plus meurtrier, avec 3100 décès par an.