A vous de jouer!
NANT devient ReConnecte
Si le programme NANT des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) change de nom à l’occasion de son dixième anniversaire –il s’appelle désormais ReConnecte–, son champ d’action reste le même. Il est dédié aux addictions comportementales qui regroupent la dépendance aux jeux d’argent et de hasard, à la cyberpornographie, aux jeux vidéo, à Internet, aux réseaux sociaux, au travail, au sport et aux achats. Eric, 53 ans, suit une thérapie depuis octobre 2016 pour son addiction aux jeux d’argent. «J’apprends à mieux me connaître et à détecter les facteurs déclenchant mon envie de jouer. Du coup, j’avance, ce qui n’était pas le cas lorsque j’essayais de m’en tirer seul.»
ReConnecte - consultation.reconnecte@hcuge.ch
Jouer de l’argent, perdre le contrôle… et c’est l’engrenage. Une nouvelle application baptisée «Jeu-contrôle», élaborée en partenariat entre le service d’addictologie des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) et le Groupement romand d’études des addictions (GREA) avec le soutien du Programme intercantonal contre la dépendance au jeu, vient en aide aux personnes concernées par ce problème. «Cet outil de self-help (auto-aide, ndlr) est adapté des thérapies cognitivo-comportementales. Il vise à gérer le temps passé à jouer et l’argent investi», explique la Dre Sophia Achab, responsable de la consultation ReConnecte des HUG (lire encadré). L’application s’adresse également à un public qui n’est pas demandeur de soins, soit par honte, soit par méconnaissance des dispositifs de soins spécialisés.
Renforcement positif
L’application a pour vocation d’accompagner les joueurs qui ne seraient pas dans une optique d’abstinence, mais plutôt de jeu contrôlé. La personne qui utilise l’«app» sur son smartphone ou sur son ordinateur* fixe elle-même ses objectifs en termes de temps et d’argent pour chaque session de jeu. Elle introduit les données concernant les pertes et les gains, qui sont enregistrées, et est aussi invitée à coter son humeur. Elle peut ensuite visualiser des feedbacks graphiques de son humeur, des objectifs visés et des écarts par rapport aux limites qu’elle s’est préalablement fixées. Elle peut aussi consulter ses statistiques sur un jour, une semaine, un mois, trois mois ou un an, ce qui permet de rendre concrète l’évolution de son activité de jeu. Le temps passé à jouer et les dépenses totales sont automatiquement calculés pour la période sélectionnée. «Ce feedback évolutif pourrait offrir un renforcement positif, améliorer le sentiment d’efficacité personnelle des joueurs, et avoir un effet bénéfique sur le changement de comportement par le soutien à la motivation à poursuivre les efforts de contrôle», souligne la Dre Achab.
L’application peut être utilisée seule ou en complément de consultations avec un thérapeute. Depuis son lancement, plus de 200 personnes ont créé un profil sur Jeu-contrôle. Des études à venir devraient évaluer l’acceptabilité et l’efficacité de cette approche en ligne.
Vrai/Faux
«Il existe des profils à risque d’être addicts aux jeux de hasard et d’argent»
Vrai. Croire en une probabilité élevée de réaliser des gains ou de récupérer des pertes de jeu, disposer d’un faible revenu, avoir obtenu des gains importants au début du jeu, avoir une mauvaise estime de soi, une dépression, une difficulté à gérer ses émotions, font partie des facteurs de vulnérabilité, de même que certains traitements contre la maladie de Parkinson.
«Les enfants sont à l’abri des addictions comportementales»
Faux. Il n’est pas rare que des enfants consultent suite au signalement d’un enseignant qui constate des troubles liés à l’éveil en classe, en lien avec un usage problématique des jeux vidéo notamment.
«Une addiction sans produit (alcool, drogue) n’est pas dangereuse»
Faux. Toutes les addictions le sont. Elles peuvent générer une perte de l’estime de soi, une dépression, une diminution des relations sociales importantes, susceptibles de mener jusqu’au suicide.
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* www.jeu-controle.ch
Article repris du site pulsations.swiss