Usage des smartphones et réussite scolaire: des résultats à méditer
Il suffit généralement d’utiliser quotidiennement un smartphone pour prendre la mesure de ce que peut être l’addiction. Et il suffit d’observer le comportement compulsif des plus jeunes avec ces outils de communication pour se poser quelques sérieuses questions. A commencer par celle de l’impact de l’usage de cette technologie sur leur équilibre psychique. Impacts positifs (ouverture sur le monde, maîtrise de l’écriture «texting» avec une ou plusieurs extrémités des doigts, etc.) mais aussi négatifs, au premier rang desquels une forme nouvelle, massive et contagieuse d’assuétude comportementale. Un sujet déjà abordé par planetesante.ch.
Effet anxiogène
Une équipe de chercheurs de l’université américaine de Ken State (Ohio) a choisi d’étudier un des aspects de cette modification excessivement rapide des comportements des adolescents. Ils publieront leurs résultats détaillés dans le prochain numéro de la revue spécialisée Computer in Human Behaviour1. Leur interrogation portait sur le fait de savoir si l’usage croissant (et parfois dévorant…) des smartphones par les adolescents est associé à des résultats mesurables en matière de qualité de vie, de réussite sociale et, plus généralement, de bien-être des jeunes utilisateurs. Ces derniers auraient le plus grand intérêt à découvrir les conclusions de ces chercheurs: plus l’usage du smartphone est fréquent, plus l'anxiété de l’utilisateur augmente et plus sa satisfaction en matière de qualité de vie diminue.
Résultats scolaires à la baisse
Dirigés par Andrew Lepp (Kent State University, College of Education, Health and Human Services), ces chercheurs ont mené leur travail auprès de 496 étudiants volontaires. L’usage quotidien de leur(s) smartphone(s) a été mesuré. Chaque étudiant a également passé des tests pour évaluer son niveau d’anxiété et de satisfaction quant à son mode de vie. Enfin, les chercheurs ont pu croiser toutes ces données avec celles des bulletins et résultats scolaires de ces mêmes étudiants.
L’analyse montre que l’usage du smartphone et le «texting-SMS» sont corrélés de manière négative aux critères de réussite scolaire. Ils sont en revanche corrélés de manière positive à l'anxiété. Or il est par ailleurs établi que statistiquement la réussite scolaire est inversement associée aux différentes manifestations de l'anxiété. Les résultats établissent ainsi, avec un fort degré de signification statistique, que l’augmentation de l’usage des smartphones est inversement proportionnelle au bien-être et aux performances universitaires.
Addiction accentuée
Ces données doivent être replacées dans le contexte technologique mouvant qui fait que les différences fonctionnelles entre les smartphones d'aujourd'hui et les ordinateurs traditionnels s’estompent de plus en plus vite. Un contexte qui voit aussi les vitesses de connexion et les gammes de services et de réseaux augmenter à très vive allure. Autant d’éléments qui laissent redouter une accentuation des symptômes de l’addiction.
Il y a quelques mois une enquête menée par une association de médecins dans le centre de la France établissait que trois adolescents sur quatre plaçaient leur téléphone mobile la nuit sous leur oreiller2. Ses auteurs concluaient à la nécessité d’apprendre aux jeunes à se protéger des possibles impacts organiques de cette nouvelle technologie –notamment en ayant recours aux kits «mains libres». A l’évidence les possibles impacts intellectuels et psychologiques sont également aujourd’hui à prendre en compte.
1. Un résumé (en anglais) de cette étude à paraître est disponible ici.
2. On lira ici (en français) le résumé de cette enquête.