Urologie: les autres méfaits du tabagisme

Le constat est sans appel: les composants du tabac endommagent l’ADN, favorisant la survenue de cancers, y compris de la vessie, des voies urinaires et du rein. Chez l’homme, le tabac accroît également le risque de cancer de la prostate et du pénis. Il induit par ailleurs des troubles sexuels, réduisant l’érection et la fertilité masculine. Chez la femme, le tabac expose notamment à un risque accru d’incontinence urinaire. Tour d’horizon de quelques-uns de ces méfaits, en partie réversibles grâce à l’arrêt du tabagisme.

Cancer de la vessie et des voies urinaires

Le cancer de la vessie est le 7^e cancer le plus fréquent chez l’homme et le 17^e chez la femme. À l’origine d’environ 50% des cas, le tabac en est le plus important facteur de risque. En cause? Les nombreux composants qu’il contient susceptibles d’altérer l’ADN et qui sont en partie éliminés par les voies urinaires. Ces derniers sont ainsi stockés dans la vessie, jusqu’à ce qu’elle se vide. Il s’agit des amines aromatiques, des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), des amines hétérocycliques et des composés 
N-Nitrosés. À noter que le risque accru de cancer ne concerne pas seulement la vessie, mais l’ensemble des voies urinaires (uretères notamment). Quant aux effets bénéfiques de l’arrêt du tabac sur la survenue d’un cancer de la vessie, ils ne deviennent significatifs qu’après vingt ans d’arrêt, même si le risque d’un ancien fumeur ne retombe pas au même niveau que celui d’un non-fumeur.

Cancer de la prostate

Le cancer de la prostate est le plus fréquent au monde chez l’homme et la seconde cause de mortalité due au cancer en Europe, après celui du poumon. Ses facteurs de risque sont notamment l’âge, l’ethnie (africaine principalement) et une prédisposition familiale. Si le lien direct entre tabac et survenue d’un cancer de la prostate est encore mal connu, un fait se précise: la plupart des études observent, chez les fumeurs, des stades plus avancés de la maladie au moment du diagnostic. Le risque de métastases, de récidive et de mortalité s’en retrouve alors augmenté. Par ailleurs, la réponse au traitement serait moins efficace chez les fumeurs. Certaines études démontrent qu’un arrêt du tabac pendant plus de dix ans permettrait de revenir au risque de base.

Cancer du rein

Le cancer du rein représente le 12^e cancer le plus courant dans le monde. Aux côtés de l’obésité et de l’hypertension artérielle, le tabagisme est également un facteur de risque connu, avec une augmentation du risque de développer la maladie de 52% chez un fumeur actif et jusqu’à 25% pour un ancien fumeur.
Le cancer du rein est par ailleurs souvent plus agressif en cas de tabagisme. Le risque de développer un tel cancer diminue après dix ans d’arrêt du tabac.

Cancer du pénis

Rare en Europe, puisqu’il représente 0,4 à 0,6% des cancers, le cancer du pénis est lui aussi impacté par le tabagisme. Il a en effet été démontré que ce dernier doublait le risque de survenue de la maladie. Les autres formes de consommation de tabac (par exemple, à mâcher, à priser) aggraveraient également ce risque.

Troubles de l’érection et de la fertilité

De nombreux facteurs de risque peuvent contribuer à la dysfonction érectile. Parmi les plus connus: l’âge, le diabète, un excès de cholestérol, l’hypertension artérielle, l’obésité et… le tabac.

Quant à l’infertilité, qui concerne environ 15% des couples aujourd’hui, un facteur d’infertilité masculin y est associé dans 50% des cas, avec souvent une anomalie du spermogramme. Or le tabac diminuerait notamment la qualité du sperme en abaissant le nombre de spermatozoïdes et leur motilité, et en augmentant le nombre de spermatozoïdes de morphologie anormale.

Incontinence urinaire

Le tabagisme a également un impact fonctionnel sur la miction et peut ainsi provoquer divers symptômes. Parmi eux: le risque accru d’incontinence urinaire chez les femmes et de troubles mictionnels chez l’homme.

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* Adapté de: Gregoris A, Valerio M, Abboud A, Grobet-Jeandin E. Les nombreux impacts urologiques du tabagisme. Rev Med Suisse. 2023; 9 (852): 2234-2238.

Paru dans Planète Santé magazine N° 52 – Mars 2024