Comment (vraiment) arrêter de fumer?

Dernière mise à jour 23/11/20 | Article
pulsations_2020_arreter_fumer
La population suisse compte 27% de fumeuses et de fumeurs, dont plus de la moitié souhaite arrêter. Quelles sont les meilleures façons d’y parvenir? Les conseils du Pr Jean-Paul Humair, médecin adjoint agrégé au Service de médecine de premier recours des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

De bonnes raisons d’arrêter

Le tabac tue précocement la moitié de ceux et celles qui en consomment. Il constitue ainsi l’un des facteurs majeurs de mortalité évitable dans le monde et le premier dans les pays développés. En Suisse, près de 10’000 personnes décèdent chaque année de maladies dues au tabagisme. Parmi les plus fréquentes: les maladies cardiovasculaires, respiratoires, et les cancers (notamment du poumon). Mais le tabac fait d’autres victimes, en particulier à cause de la fumée passive.

Sans aide ni substitut nicotinique, le sevrage est souvent laborieux quand on fume beaucoup. «Il y a un an, je me suis mise à la cigarette électronique et ça m’a aidée à diminuer ma dose quotidienne de nicotine. Très vite, l’idée même de fumer une “vraie” cigarette, avec la fumée qui persiste sur les vêtements, est devenue écœurante», explique Carole*, 33 ans, qui a aujourd’hui totalement cessé de fumer. Comme elle, de nombreuses personnes se tournent chaque année vers cette nouvelle option. Une vaste étude a démontré que la e-cigarette avec nicotine utilisée pour un sevrage tabagique avait un taux de réussite deux fois plus élevé qu’un substitut nicotinique traditionnel. Mais récemment, une épidémie de plus de 2000 cas de pneumonies toxiques – dont une cinquantaine de décès – a entaché la réputation du vapotage. «Il a cependant été démontré que ces complications résultaient du vapotage de produits du cannabis provenant du marché illégal avec ajout d’acétate de vitamine E, rectifie le Pr Jean-Paul Humair, médecin adjoint agrégé au Service de médecine de premier recours des HUG. Correctement utilisé, cet outil élargit la panoplie de ce que nous pouvons proposer aux patients.»

Combiner les méthodes

Tous les substituts en nicotine et médicaments non nicotiniques pour l’aide au sevrage tabagique sont recommandés pour les dépendances moyenne, forte ou très forte. «Ils n’ont en revanche pas démontré leur efficacité en cas de dépendance légère (moins de 10 cigarettes par jour)», ajoute le spécialiste. Chez les fumeurs et les fumeuses ayant une forte dépendance, les substituts peuvent être combinés pour assurer une efficacité optimale. Chewinggums, patchs, comprimés, inhalateurs de nicotine, sont des outils connus de longue date, libres d’accès et ne présentant aucun effet indésirable majeur. Leur taux d’efficacité sur l’arrêt du tabac est de 10-15% à un an. Avec des traitements médicamenteux, comme le Champix® et le Zyban®, les taux d’arrêt du tabac sont un peu plus élevés – autour de 20-25%. «Contrairement aux substituts nicotiniques, ils sont délivrés sur ordonnance et sont pris en charge par l’assurance maladie en cas de forte dépendance, précise le Pr Humair. Les risques d’effets indésirables et d’interactions avec d’autres médicaments nécessitent néanmoins une discussion entre le médecin et le patient.»

Quant aux médecines complémentaires, «seules l’hypnose et l’acupuncture ont fait l’objet d’études scientifiques qui montrent une efficacité semblable à un effet placebo», prévient le spécialiste.

L’importance d’un accompagnement

«Il y a trois piliers dans le sevrage tabagique: la décision personnelle d’arrêter de fumer, le soutien d’un professionnel et le traitement médicamenteux, ajoute le Pr Humair. Idéalement, la méthode proposée, quelle qu’elle soit, doit être couplée à un suivi sur deux à six mois.»

Depuis quelques années, de nouvelles alternatives à la consultation traditionnelle fleurissent: sites internet, applications pour smartphone ou encore événements à grande échelle comme le «mois sans tabac». Ces initiatives, qui ont fait leurs preuves à l’étranger, stimulent la décision et peuvent contribuer à l’arrêt. «Elles ont le mérite de mettre ce thème à l’agenda et aident certains fumeurs à passer à l’action, commente le Pr Humair. Mais chez les plus dépendants, il est souvent nécessaire de les associer à un traitement pour améliorer l’efficacité.»

*Prénom d'emprunt.

_____

Plus d'infos sur

_______

Article repris du site  pulsations.swiss

Articles sur le meme sujet
PS55_seniors_dependance_alcool

Séniors: le fléau de la dépendance à l’alcool

Le sujet est délicat et souvent tabou, mais le passage à la retraite est en soi un facteur de risque de dépendance à l’alcool. Lorsque celle-ci est déjà installée, les probabilités qu’elle s’aggrave sont élevées, avec les problèmes de santé et psychosociaux qui en découlent. Éclairage sur un phénomène sous-estimé.
Videos sur le meme sujet

Tabac et troubles psy, faut-il faire quelque chose ?

Demain débutent les journées de la schizophrénie, une initiative visant à sensibiliser le grand public et à lutter contre la stigmatisation des maladies psychiques.

Les cigarettes électronique jetables font un tabac chez les jeunes

Les jeunes sont friands de puffs, ces cigarettes électroniques jetables qui contiennent parfois de très fortes doses de nicotine.

Je pense qu’un de mes proches boit trop, comment lui dire ?

Face à une consommation excessive d’alcool, il peut être légitime de s’inquiéter. Mais lorsqu’un proche boit trop, comme aborder ce sujet le plus sereinement possible?
Maladies sur le meme sujet
Radio des poumons

Cancer du poumon

Chaque année en Suisse, on dénombre environ 4100 nouveaux cas de cancer du poumon (carcinome bronchique), ce qui représente 10 % de toutes les maladies cancéreuses. Le cancer du poumon touche plus souvent les hommes (62 %) que les femmes (38 %). C’est le deuxième cancer le plus fréquent chez l’homme, et le troisième chez la femme. C’est aussi le plus meurtrier, avec 3100 décès par an.