Les promesses du CBD
Information insolite
Il existe plus de 100 cannabinoïdes différents dans la plante Cannabis sativa.
Les scientifiques se penchent de plus en plus sur les différentes vertus de ces composants et tentent d’en identifier de nouveaux. Mais le caractère illicite du cannabis et son utilisation récente en pharmacologie n’ont pas favorisé la recherche ces dernières années.
Connu et utilisé depuis des millénaires, le cannabis s’est doté au fil des années d’une mauvaise image liée à son caractère illicite. Pourtant, certains de ses composants montrent des effets intéressants chez certains patients.
Quelle est la différence entre CBD et cannabis thérapeutique?
Pr Nicolas Schaad On a parfois tendance à tout mélanger. Pour résumer, le chanvre (sous-espèce de cannabis sativa) est une plante qui possède différentes substances: les cannabinoïdes. Parmi elles, le tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD), sont les plus connues. Mais tandis que la première possède un effet psychoactif contribuant à modifier l’état de conscience du consommateur, la seconde entraîne seulement un effet relaxant. Depuis 2011, la loi autorise donc la commercialisation de produits à base de CBD, mais ces derniers doivent impérativement présenter un taux de THC inférieur à 1%.
Ces produits, en vente libre, sont à distinguer des médicaments à base de cannabis, qui peuvent contenir un taux plus élevé de THC. En Suisse, seul le Sativex® est autorisé par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) pour traiter certains symptômes de la sclérose en plaques. «Certains médicaments non autorisés peuvent être admis à titre exceptionnel, sous certaines conditions, comme l’Epidiolex® dans le cas d’épilepsies résistantes, explique Nicolas Schaad. Il est nécessaire pour cela de présenter une prescription par un spécialiste (neurologue) pour une indication reconnue».
Dans quels cas le CBD peut-il être efficace?
Le statut légal et la complexité chimique du cannabis n’ont pas favorisé la recherche. Mais depuis quelques années, des scientifiques se sont penchés sur les effets des cannabinoïdes. Le CBD a ainsi démontré une efficacité dans des formes particulières d’épilepsie, dans certains types de schizophrénie, dans le cas de douleurs chroniques ou encore pour venir à bout d’anxiétés résistantes à d’autres traitements. Des études ont également mis en avant ses vertus antiépileptiques, notamment chez les enfants.
Le THC, de son côté, est soumis à des autorisations spéciales et à un encadrement particulier des autorités, à cause de son effet psychoactif, et son potentiel addictif. Il possède une efficacité antiémétique (empêche les vomissements), orexigène (stimule l’appétit) et relaxante, parfois utilisée en oncologie pour soulager certains symptômes comme des nausées liées aux chimiothérapies, des douleurs ou un manque d’appétit chez des patients à un stade avancé.
«Malgré ces quelques effets, le cannabis médical a du mal à trouver sa place dans la thérapeutique, tempère Nicolas Schaad. Des études doivent encore être menées pour apporter plus d’évidences scientifiques».
Puis-je utiliser du CBD dans la recherche d’un simple «mieux-être»?
En huile, en gouttes, en teintures, en infusions… le CBD est désormais disponible en Suisse sous différentes formes. Ces produits, contenant moins de 1% de THC, et environ 5 à 20% de CBD, ne présentent a priori pas de risque pour la santé, mais leur efficacité reste limitée.
D’après un rapport d’Addiction Suisse, les principales raisons de consommation de ces produits en libre-service sont des motifs liés au bien-être général (stress, sommeil), à la réduction des douleurs (endométriose, fibromyalgie) ou aux symptômes associés à la dépression et l’anxiété.
Y a-t-il un risque d’effets secondaires et de dépendance au CBD?
A faible dose -comme c’est le cas pour les produits disponibles en libre-service- le CBD n’entraîne pas de risque particulier. Le danger provient de l’adjonction de tabac lorsque le CBD est fumé, similaire aux effets secondaires du tabagisme classique. Les produits à base de CBD sont également déconseillés aux femmes enceintes et aux enfants, sans avis médical.
«Dans le cas de hautes doses, par exemple chez les patients traités pour une épilepsie, le CBD peut entraîner des somnolences, des diarrhées, de la fatigue, une toxicité pour le foie, précise Nicolas Schaad. Dans tous les cas, avant de se tourner vers ces produits, il est important de demander un avis médical.»
Quelle est la situation légale aujourd’hui en Suisse?
Pour rappel, le cannabis est classé comme stupéfiant interdit en Suisse depuis 1951. Des médicaments peuvent être prescrits, mais sous certaines conditions: «L’accès à des médicaments à base de cannabinoïdes reste compliqué et cher», ajoute Nicolas Schaad.
Les produits à base de CBD (THC<1%) sont quant à eux autorisés à la vente depuis 2016. Mais ils n’en sont pas moins soumis à une réglementation stricte, et à une législation qui diffère selon la catégorie du produit fini (cosmétiques, produits à fumer, alimentation…). Les points de vente doivent impérativement être enregistrés auprès de l’Administration fédérale des douanes et l’OFSP est en charge du contrôle des taux de THC contenus dans les différents produits commercialisés.
Le saviez-vous? Nous fabriquons tous des cannabinoïdes!
Il existe trois grandes familles de cannabinoïdes: les cannabinoïdes végétaux (présents dans la plante de Cannabis), les cannabinoïdes de synthèse (fabriqués en laboratoire) et les cannabinoïdes endogènes, sécrétés par notre organisme.
«Chacun d’entre nous fabrique tous les jours des cannabinoïdes, explique Nicolas Schaad. Ils jouent notamment un rôle essentiel dans le système nerveux central au niveau de la cognition, de la mémoire, de la douleur, ou encore de la sensation de faim.»