Dry January: bonne ou mauvaise idée?

Dernière mise à jour 17/12/20 | Article
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Une fois passé le Nouvel An, la règle du «Dry January» est simple: ne pas toucher à une goutte d’alcool pendant un mois. Analyse de cette campagne de prévention internationale avec le Dr Thierry Favrod-Coune, spécialiste en dépendances aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

Après les fêtes de fin d’année, rien de tel qu’une petite détox. C’est en tout cas ce que prône le «Dry January», «janvier sans alcool» en français. Cette campagne de prévention née au Royaume-Uni incite la population à arrêter de boire de l’alcool après la soirée du Nouvel An et ce jusqu’à la fin du mois. L’objectif est notamment de prendre du recul par rapport à sa propre consommation d’alcool.

Mais est-ce vraiment efficace sur le long terme? À l’heure actuelle, il n’existe pas suffisamment d’études pour l’affirmer scientifiquement. Le Dr Thierry Favrod-Coune, médecin adjoint au Service de médecine de premiers recours des HUG et spécialiste des addictions, est toutefois convaincu de ses bienfaits. Lui-même coutumier de la pratique, il remarque qu’un mois d’abstinence permet de prendre une distance saine avec la substance. «C’est une expérience intéressante qui permet de réaliser à quel moment l’alcool nous manque, mais aussi que l’on peut avoir du plaisir lors d’une soirée entre amis sans en consommer», témoigne le spécialiste. C’est aussi l’occasion de se rendre compte des effets néfastes possibles de ce psychotrope au quotidien, sur le sommeil, la concentration ou le moral, par exemple.

Ouvrir le dialogue

Autre atout du «Dry January»: engager la discussion. Car l’alcool est un sujet paradoxal, à la fois tabou et banalisé. Il s’agit d’un produit toxique qui peut avoir des effets graves sur la santé physique et psychique. Une consommation problématique est souvent mal vue en société. Pourtant, le fait de ne pas boire, en particulier lors d’interactions sociales, est également souvent mal jugé. «C’est pour cela qu’il est important de trouver un juste milieu, estime le Dr Favrod-Coune. On peut reconnaître et apprécier les bénéfices subjectifs de l’alcool, par exemple en termes de vie sociale, de plaisir personnel et gastronomique. Mais il faut aussi être conscient des risques que cela comporte.»

Vers un «Dry February»?

L’alcool a une connotation festive, c’est indéniable. Pour certaines personnes, ne pas boire peut même se révéler socialement handicapant. Alors, afin qu’un mois entier d’abstinence soit plus facile à respecter, autant choisir le moment opportun. «Je trouve qu’au mois de janvier, il y a encore beaucoup de moments festifs et sociaux à partager, illustre le Dr Favrod-Coune. Je préfère donc décaler mon "Dry January" du 15 février au 15 mars, c’est moins frustrant.»

Un bémol peut toutefois se glisser dans cette démarche de privation: le risque de surcompensation. Rien ne sert de se serrer la ceinture pour consommer le double d’alcool ensuite. Mais sans ce potentiel effet pervers, ne pas boire pendant un mois permet de diminuer sa consommation annuelle de 10%. Non négligeable.

L’alcool, une substance cancérigène

Au cours des dernières années, les recommandations de consommation maximale d’alcool n’ont fait que baisser. Elles se situent actuellement à 5 verres par semaine pour les femmes et 10 verres pour les hommes. Mais avec au moins 2 jours de suite sans alcool. Si ces recommandations sont revues à la baisse, c’est que les effets cancérigènes de l’alcool deviennent plus évidents et le cancer plus prévalent dans nos sociétés. Il est désormais prouvé que cette substance fait partie des facteurs de risque du cancer du sein, du côlon ou encore des tumeurs digestives. De plus, des études scientifiques ont désormais montré que les effets bénéfiques de l’alcool sur la santé cardiovasculaire sont bien moindres qu’on ne le pensait il y a encore quelques années. La modération est donc de mise.

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Article repris du site  pulsations.swiss

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