L’urine: une source d’informations pour les médecins
Les reins sont une véritable «centrale d’épuration». Ils extraient du sang tous les déchets de notre organisme pour les éliminer dans l’urine.
A la recherche de bactéries infectieuses
Parmi ces rebus, on peut rechercher des bactéries pathogènes qui infectent la vessie (provoquant la cystite) ou les reins (générant une pyélonéphrite). On peut les repérer en mesurant le nombre de leucocytes dans l’urine (car la quantité de ces globules blancs augmente en cas d’infection) ou en détectant la présence de nitrites, substances produites par les bactéries. Il suffit pour cela d’utiliser des bandelettes qui changent de couleur en présence de certaines substances. «Ce test est très couramment pratiqué par les généralistes. Il est simple et ne prend qu’une minute», constate Olivier Bonny, médecin-associé au service de néphrologie du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV).
Dans le cas d’une infection, il est préférable de ne recueillir que «le milieu du jet» d’urine. «Les premières gouttes peuvent en effet être contaminées par des microorganismes présents dans l’urètre, alors que dans les dernières, on recueille le fond de la vessie».
L’analyse se poursuit au laboratoire où les bactéries sont mises en culture. «On peut ainsi tester leur sensibilité à divers antibiotiques et donc cibler le médicament qui est le plus approprié à la situation».
D’où vient le sang?
L’urine peut aussi contenir du sang, visible à l’œil nu ou révélé par les bandelettes. Un examen au microscope permet alors de savoir d’où il vient. «Si les globules rouges sont déformés, c’est le signe d’une maladie des reins, précise le néphrologue du CHUV. En revanche, si ces globules sont normaux, il faut rechercher une affection de la vessie ou un cancer des voies urinaires.»
Changement de couleur
Il suffit d’observer soi-même la couleur du liquide issu de la miction – plus foncé quand il est plus concentré – pour savoir si l’on boit suffisamment. Les médecins, eux, ne se contentent pas d’un simple coup d’œil. Lorsqu’ils veulent déterminer si leur patient est «sec» ou «bien hydraté», ils mesurent les quantités de sodium et de potassium dans ses urines, car, normalement, «les reins retiennent le premier élément et éliminent de grandes quantités du second», explique Olivier Bonny, alors qu’ils font l’inverse quand la personne est trop peu hydratée.
Protéines ou glucose
L’urine peut renfermer bien d’autres substances. On peut y trouver des protéines que les reins sont censés retenir, mais qu’ils ont laissé passer. «Il faut alors stopper ou limiter ces fuites qui fatiguent les reins», souligne Olivier Bonny.
On peut aussi y repérer du glucose. Ce sucre est habituellement filtré, puis réabsorbé par les reins. S’il se retrouve dans l’urine, cela laisse suspecter une affection rénale ou un diabète. Dans ce dernier cas, l’analyse de l’urine «nous permet de déterminer s’il s’agit d’un diabète “sucré” ou “insipide” – sans avoir besoin de goûter l’urine de nos patients comme le faisaient nos lointains prédécesseurs!», ajoute en riant le néphrologue.
La composition des urines récoltées pendant 24 heures est par ailleurs le reflet du métabolisme d’un individu et de ce qu’il mange – notamment la quantité de sel. Dans le suivi de certaines pathologies, comme l’hypertension ou les calculs rénaux, «ce type d’information nous aide à mieux cibler nos interventions. Il nous permet de savoir si nous devons modifier la diète du patient ou plutôt le traiter avec des médicaments».
La signature de pathologies
L’urine est donc un bon révélateur de notre état de santé. Mais elle fournit encore d’autres renseignements. Elle peut contenir des hormones, notamment la béta HCG dont le dosage permet de confirmer une grossesse. Ou encore des traces de médicaments (qui permettent au médecin de savoir si son patient suit correctement son traitement) et même de stupéfiants (bien utiles aux policiers!).
Dans une goutte d’urine, «on est déjà capable de doser de très nombreuses substances qui sont les signatures de diverses pathologies», constate Olivier Bonny. Ce n’est qu’un début, car les scientifiques ont identifié la présence de quelque trois mille déchets. Ce sont autant de nouveaux marqueurs qui permettront peut-être, à l’avenir, de dépister le cancer du sein, des polypes dans le côlon ou des risques de phlébite, entre autres choses, voire de prédire l’apparition de certaines affections.
Les tests urinaires à domicile sont-ils fiables?
Grâce aux bandelettes urinaires vendues en pharmacie, il est facile de faire des tests chez soi. Il suffit de recueillir son urine dans un gobelet et d’y tremper la bandelette. Après quelques minutes, des couleurs apparaissent qui signalent telle ou telle affection.
«C’est un bon test et je donne des bandelettes à certains de mes patients pour qu’ils puissent suivre l’évolution de leur maladie», constate Olivier Bonny, médecin-associé au service de néphrologie du CHUV.
Toutefois, le néphrologue est plus réservé quant à l’usage que l’on peut en faire, seul, à domicile. «Ces tests sont très sensibles et ils donnent beaucoup de résultats faussement positifs ou faussement négatifs», constate-t-il. En outre, pour savoir de quoi on souffre, il ne suffit pas d’observer un changement de couleur, «il faut aussi savoir en interpréter le résultat». Tâche qu’il vaut mieux confier à son généraliste ou à un spécialiste.