Changer la couleur de ses yeux, vraiment?

C’est à nos iris que nous devons la couleur de nos yeux, ou plus exactement à la mélanine qu’ils contiennent. Plus ce pigment coloré est abondant, plus nos yeux sont foncés. Trois techniques permettent de modifier leur couleur à des fins esthétiques, mais toutes présentent des risques.
La dépigmentation
Cette méthode utilise un laser pour détruire la mélanine située à la surface antérieure de l’iris. «Les fibres grisâtres qui se trouvent derrière apparaissent alors», explique la Dre Kate Hashemi, médecin adjointe responsable de l’unité de cornée et chirurgie réfractive à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin. Avec la dépigmentation, qui est irréversible, les yeux adoptent diverses nuances de gris, selon la quantité de mélanine ainsi supprimée.
«Si les débris de pigments brûlés bouchent les voies d’évacuation de l’humeur aqueuse (liquide situé dans le globe oculaire, ndlr), la pression intraoculaire augmente. Cela peut provoquer un glaucome, lui-même susceptible d’endommager de manière irrémédiable le nerf optique», précise la spécialiste. En outre, ces déchets, ainsi que les impacts du laser, peuvent induire une inflammation de l’œil appelée uvéite. À noter également que le laser peut faire des «trous» dans l’iris et ainsi engendrer une hémorragie oculaire.
La kératopigmentation
Cette technique, qui s’apparente à un tatouage de la cornée, est la seule autorisée en Suisse. Elle consiste à créer, dans la cornée, un microtunnel à l’aide d’un laser de type femtoseconde, puis à y injecter un pigment couvrant la couleur naturelle des yeux. Il est ainsi possible de choisir la nuance, de vert ou de bleu par exemple, souhaitée.
Outre la sécheresse et les douleurs oculaires, la kératopigmentation «entraîne des risques d’infections, d’inflammation, de réactions allergiques et de sensibilité à la lumière, alerte la Dre Hashemi. En créant une pupille artificielle qui ne se dilate pas quand la lumière diminue, elle peut aussi altérer la vision de nuit.» De plus, si la personne venait à souffrir ultérieurement d’un décollement de la rétine, «l’intervention chirurgicale pourrait s’avérer difficile», prévient l’ophtalmologue.
Les implants
Il est aussi possible de poser des implants de silicone colorés devant l’iris. «En termes de complications, cette technique est la pire de toutes», indique la Dre Hashemi.
Le risque d’infections est toujours présent. Mais il y a plus grave encore. L’espace situé entre l’iris et la cornée étant restreint, l’implant risque de frotter sur l’iris. Il peut en résulter une inflammation chronique, suivie de la formation progressive de cicatrices entre l’iris et la cornée. Conséquence: un risque d’obstruction des canaux d’évacuation de l’humeur aqueuse et l’apparition d’un glaucome. Enfin, la cornée étant très proche de l’implant, elle peut s’endommager, ce qui qui rend nécessaire d’en greffer une nouvelle.
Ces effets néfastes sont loin d’être rares. En France, des ophtalmologues ont analysé le cas de personnes opérées à l’étranger. «Plus de 90% d’entre elles présentaient au moins l’une de ces complications, 78% avaient une décompensation de la cornée et 50% un glaucome, entre autres. Deux ans après sa pose, l’implant a dû être retiré dans 82% des cas. Nécessitant parfois plusieurs opérations, cette intervention complexe ne fait qu’éviter que la situation n’empire», souligne la Dre Hashemi.
On le devine, si l’on tient à changer la couleur de ses yeux, mieux vaut donc opter pour les lentilles de contact colorées, en respectant les règles d’hygiène.
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Article repris du site BienVu!

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