Comment se protéger des maladies de l’hiver?

Dernière mise à jour 13/11/24 | Article
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Une alimentation équilibrée, des activités physiques et un sommeil réparateur contribuent à nous préserver des maux de la saison froide.

L’hiver arrive et, à nouveau, nous avons le nez qui coule, mal à la tête, la gorge irritée, nous toussons et sommes fatigués. La baisse des températures s’accompagne en effet de la réapparition ou de l’aggravation d’une kyrielle de troubles et de pathologies, qui comprennent crises d’asthme, maladies cardiovasculaires (lire encadré) ou encore troubles de la circulation sanguine dans les doigts (phénomène de Raynaud). 

Toutefois, ce qui nous pend au nez, ce sont surtout les maladies respiratoires, «qui sont les infections les plus fréquentes sous nos latitudes», précise la Dre Noémie Boillat Blanco, médecin adjointe au Service des maladies infectieuses du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). On estime que, pendant la saison froide, elles affectent environ 30% de la population. Provoquées principalement par des virus et plus rarement par des bactéries, elles prennent de multiples formes, «et couvrent tout un spectre allant de la plus bénigne –le rhume– à la plus sévère –la pneumonie–, en passant par la grippe, l’angine, la rhinopharyngite, le Covid-19 ou encore la bronchiolite du nourrisson», constate la spécialiste. L’adulte attrape ainsi en moyenne deux ou trois rhumes par année et l’enfant davantage encore. 

Une transmission accrue des virus

Le froid est mauvais pour le cœur

Notre cœur et nos artères souffrent aussi en hiver. Les basses températures entraînent en effet «une surcharge de travail à l’effort pour le cœur», souligne le Pr Pedro Marques-Vidal,spécialiste en recherche clinique au sein du Service de médecine interne du CHUV. En outre, une exposition prolongée au froid provoque une contraction des vaisseaux sanguins et fait légèrement monter la pression artérielle, comme l’a montré une étude réalisée par le spécialiste du CHUV et ses collègues. Ceux-ci ont aussi constaté que les basses températures accentuent d’autres facteurs de risque cardiovasculaire. «En décembre, dans l’hémisphère Nord, on observe un pic de cholestérol lié à la tendance des gens à manger un peu plus gras», précise le Pr Marques-Vidal. Il n’est donc pas surprenant qu’il y ait une hausse de la mortalité due aux maladies cardiovasculaires en hiver.

Comment l’expliquer? Le froid favorise la résurgence de ces maladies parce qu’il affaiblit le système immunitaire (lire encadré). Il entraîne également une contraction des vaisseaux sanguins, en particulier ceux du système respiratoire. Mais surtout, «l’hiver favorise la promiscuité et les rassemblements de personnes dans des lieux clos et mal aérés», rappelle la Dre Boillat Blanco. Rien de tel pour faciliter la propagation des virus respiratoires. «Nous en avons eu la preuve lors de la crise du Covid-19: grâce aux mesures de protection, pendant deux ans, il n’y a pas eu d’épidémie de grippe saisonnière», rappelle l’infectiologue. 

La meilleure prévention contre les maladies de l’hiver reste la vaccination, quand elle est disponible. On peut désormais se protéger contre la grippe, le Covid-19, mais aussi depuis peu contre le virus respiratoire syncytial (RSV), «responsable de la bronchiolite chez les nouveau-nés et des pneumonies chez les personnes âgées», souligne la Dre Boillat Blanco. 

Toutefois, il est aussi possible de se préparer à l’arrivée des maladies de l’hiver en veillant à son hygiène de vie. À commencer par son alimentation. 

Ne pas manger plus gras

«L’être humain doit maintenir sa température corporelle. Lorsqu’il fait plus froid, il doit dépenser plus d’énergie pour cela», remarque le Pr Pedro Marques-Vidal, spécialiste en recherche clinique au sein du Service de médecine interne du CHUV. Nous avons donc tendance à manger plus, et plus gras, en hiver qu’en été, car les aliments en question sont ceux qui apportent le plus de calories. Toutefois, «cela n’est pas nécessaire, souligne le professeur, sauf pour les personnes qui travaillent à l’extérieur ou qui doivent affronter de grands froids. Celles-ci peuvent manger un peu plus, sans pour autant privilégier la graisse.» Le spécialiste recommande aussi de consommer des fruits et des légumes variés. Mais inutile, selon lui, d’avoir recours à des compléments alimentaires: «Nous avons montré qu’il n’y avait aucune association entre la consommation de suppléments vitaminiques et le statut immunitaire. Celles et ceux qui en prennent n’ont pas plus d’anticorps contre les bactéries et les virus que les autres.» 

Le mieux, conclut-il, est de s’alimenter «pratiquement comme en été», sans oublier, comme pendant la saison chaude, de boire régulièrement. Et d’ajouter: «Les pièces chauffées sont aussi le plus souvent sèches, nous avons donc tendance à nous déshydrater.»   

Bouger et bien dormir

Tout au long de l’année, il est indispensable de pratiquer de l’activité physique pour se maintenir en bonne santé. Or le froid ne favorise pas l’exercice. «Il n’incite pas les gens à sortir de chez eux pour marcher ou se rendre à une salle de sport», admet le spécialiste de médecine interne. Pourtant, souligne la Dre Boillat Blanco, «ce n’est pas parce que l’on va se promener que l’on va attraper un virus». 

Le sommeil joue aussi un grand rôle. Un organisme fatigué est fragilisé et il se défend moins bien contre les affections. Le Pr Marques-Vidal conseille donc de garder un rythme de sommeil régulier.

En outre, nous aurions tout à gagner à retrouver les bons réflexes acquis lors de l’émergence du Covid-19: porter un masque dans les lieux très fréquentés, adopter les fameux «gestes barrières», se laver régulièrement les mains, mais aussi aérer régulièrement son logement. Avis aux plus chanceux: une autre stratégie peut aussi être de passer l’hiver dans un pays chaud! 

Des défenses immunitaires affaiblies

«Nous ne sommes pas porteurs des virus responsables des infections respiratoires, nous les attrapons de l’extérieur», rappelle la Dre Noémie Boillat Blanco, médecin adjointe au Service des maladies infectieuses du CHUV. Il revient ensuite à notre système immunitaire de lutter contre les intrus. Ceux-ci entrant par le nez, ils sont d’abord confrontés aux muqueuses et aux cils nasaux «qui constituent notre première ligne de défense», poursuit la spécialiste. Or comme l’air chauffé assèche les muqueuses et que le froid les irrite, cette barrière est fragilisée. Le nez dispose d’une autre arme: les vésicules extracellulaires qui se trouvent dans les cellules de ses muqueuses. Ces petites particules, que nous émettons lorsque nous sommes exposés aux virus respiratoires, reconnaissent les microbes, les inhibent et les empêchent de se multiplier dans notre corps. Or, selon une étude américaine publiée en décembre 2023 dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology, lorsque les températures baissent, la muqueuse nasale sécrète moins de ces vésicules; l’effet antiviral est donc diminué. Selon la Dre Boillat Blanco: «Il s’agit de la première étude scientifique apportant une preuve que le froid affecte notre système immunitaire et nos défenses contre les infections respiratoires.»

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Paru dans Le Matin Dimanche le 10/11/2024

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