Fatigue: ne pas la laisser gâcher le quotidien

Dernière mise à jour 15/10/22 | Article
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Très fréquente, la fatigue reste un phénomène souvent mal compris médicalement compris. Il ne faut pourtant pas hésiter à en parler avec son médecin quand elle dure et perturbe les activités du quotidien.

Fréquente, encore plus depuis l’arrivée du Covid, la fatigue continue de laisser le monde médical sur la brèche. Faute de marqueurs biologiques spécifiques, la fatigue reste une entité aux contours flous et aux formes variées. Maladie, symptôme? Difficile même de savoir comment nommer ce qui est avant tout une perception très personnelle. S’il n’existe pas de médicament spécifiquement développé pour soigner «la» fatigue, des solutions existent pour tenter de retrouver une meilleure qualité de vie. 

Rarement une cause somatique

«La fatigue est une plainte très fréquente qui nécessite une consultation longueafin de faire une anamnèse très complète», explique le Dr François Héritier, médecin de famille et président du Collège suisse de médecine de premier recours. Cet «interrogatoire» vise à obtenir des détails sur le mode de vie du patient et sur les éléments qui entourent l’apparition de la fatigue, un stress important ou une infection virale par exemple. «Ilest aussi crucial d’identifier s’il y a des "drapeaux rouges" tels qu’une perte de poids involontaire, un essoufflement nouveau, des suées nocturnes ou encore du sang dans les selles ou les urines», détaille le Dr Héritier. Des tests biologiques sont ensuite prescrits afin d’explorer les grandes fonctions (foie, rein, thyroïde, etc.) et déceler un potentiel dysfonctionnement. Mais la plupart du temps, aucune anomalie n’est révélée par ce type de bilan. 

«On l’oublie souvent, mais la fatigue est en lien avec le rythme de vie que l’on mène», note le Dr Héritier, qui souligne le rôle crucial du sommeil. Ne pas dormir assez ou d’un sommeil de piètre qualité provoque une fatigue dès le matin et des somnolences au cours de la journée. «Les troubles du sommeil ont tendance à augmenter avec l’âge, mais ce n’est pas une fatalité, relève le Pr Christophe Büla, chef du Service de gériatrie et de réadaptation gériatrique du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Il est important d’aider les patients à améliorer leur sommeil pour limiter, au moins en partie, la fatigue ressentie.» Quand il le faut, des médicaments peuvent être prescrits de manière transitoire, mais retrouver un meilleur sommeil passe le plus souvent par des changements d’habitudes au quotidien, tels que limiter la consommation d’excitants (café, thé, alcool), pratiquer une activité physique régulière, éviter les aliments trop riches au dîner, s’octroyer un sas de décompression avant de dormir (lecture, méditation, par exemple) et ne pas abuser des écrans dont la lumière bleue perturbe le sommeil. À noter que «si la personne ronfle et selon son profil, on peut aussi soupçonner un syndrome d’apnées du sommeil», complète François Héritier. Un traitement avec un dispositif de pression positive continue (PPC) peut alors améliorer considérablement le sommeil et du même coup la fatigue. 

Ne pas négliger le moral

La fatigue pousse petit à petit à restreindre ses activités pour «s’économiser». Mais au fil du temps cela provoque un déconditionnement physique et réduit les liens sociaux, avec un impact non négligeable sur le moral. La santé psychique est d’ailleurs un élément important à prendre en compte en cas de fatigue. «On ne doit pas penser à un épisode dépressif ou à de l’anxiété uniquement lorsqu’on ne trouve aucune explication somatique: la fatigue peut être le symptôme qui met sur la voie de ces troubles, qui sont très fréquents», insiste le Dr Héritier. Or chez les seniors, la détection de ces symptômes n’est pas toujours optimale. «Les patients se confient peu mais les soignants ont aussi tendance à "normaliser" ces baisses de moral, reconnaît le Pr Büla. À cet âge, on subit des deuils, la santé décline, mais ce n’est pas parce qu’il y a des raisons qu’il n’y a rien à faire!» Une période de soutien actif, avec ou sans psychothérapie, peut suffire à se sentir mieux. «Pour les seniors encore en activité professionnelle, une pause peut être bénéfique. Faire une coupure puis reprendre progressivement est ce qui marche le mieux», estime le Dr Héritier.

Le syndrome de fatigue chronique interroge toujours

Le syndrome de fatigue chronique est décrit depuis la fin des années 1980 mais depuis, aucun consensus n’a réellement vu le jour sur le sujet, la faute sans doute à un manque d’explications biologiques à cette fatigue qui cohabite avec d’autres symptômes, tels que douleurs musculaires, maux de tête ou vertiges. Les recherches continuent et l’hypothèse d’une implication du système immunitaire est actuellement explorée. Faute de savoir expliquer ce qui a été rebaptisé en 2015 «intolérance systémique à l’effort», le corps médical a progressé sur la prise en charge des patients. Une reprise très progressive de l’activité physique, supervisée par un physiothérapeute, peut être proposée, avec aussi la possibilité de suivre une thérapie cognitivo-comportementale. Une approche parfois utile pour les patients qui souffrent de fatigue persistante à la suite d’un Covid. Dans les deux cas, les personnes peuvent être amenées à réaménager leur quotidien, familial et professionnel, pour l’adapter à leur niveau d’énergie, tout excès d’activité aggravant généralement les symptômes.

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Paru dans Générations, Hors-série «Comment rebondir… dans son corps, dans sa tête, dans son couple, dans sa famille, dans sa vie», Octobre 2022.

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