Comment gérer la consommation d’écrans en famille
Une consommation en hausse
Avant le confinement, 38% des enfants de 12 à 30 mois utilisaient quotidiennement au moins un écran. Pendant le confinement, cette proportion est montée à 60%.[1]
Face à la pénurie de loisirs, les écrans sont devenus une distraction facile pour de nombreux enfants. L’important, précise la Dre Sophia Achab, «est de ne pas les laisser prendre la place des interactions réelles. Chez les petits, le cerveau ne tire pas de la consommation passive d’écrans les apprentissages nécessaires à son bon développement». Ainsi, avant l’âge de un an, l’Organisation mondiale de la santé recommande de ne pas exposer du tout les enfants aux écrans. Au-delà, ceux-ci peuvent être utilisés au maximum une heure par jour, mais en veillant «à consacrer au moins trois heures à différents types d’activité physique et à assurer un sommeil de bonne qualité».[2]
Rester actif
Le problème, ce n’est pas tant la consommation d’écrans que le déséquilibre qui s’installe parfois au détriment des autres activités. Avec pour conséquence une sédentarité qui induit un risque de surpoids et d’obésité, en constante augmentation chez les jeunes. Il est conseillé de faire des pauses régulières pour bouger, ne serait-ce que quelques minutes et quel que soit l’âge. Autre impact des écrans: celui sur notre sommeil. Téléphones, tablettes ou ordinateurs nous accompagnent jusque sous la couette. Pourtant, la lumière bleue qu’ils projettent, tout comme les notifications ou les activités intellectuellement stimulantes, retardent l’endormissement. Quelques heures avant le coucher, il est donc recommandé de déconnecter.
Communiquer
Parler avec son enfant de ce qu’il ou elle fait et voit sur les écrans, le guider dans sa pratique, lui expliquer les avantages mais aussi les limites de ces outils, l’aide à les maîtriser. «La posture de parent s’exerce aussi dans le digital. Comme nous accompagnons un enfant dans une épicerie en lui décrivant ce qui l’entoure, il faut de la même façon expliquer ces univers virtuels», note la Dre Achab. Le dialogue permet aussi aux générations de discuter des centres d’intérêt parfois différents qu’elles trouvent dans ces outils. S’intéresser aux jeux, applications ou réseaux sociaux favoris de son enfant contribue à se libérer de certains préjugés.
Être un bon modèle
«Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais.» Voilà peut-être une devise qui parle à de nombreux parents. Difficile, particulièrement en ce moment, de rester un consommateur ou une consommatrice raisonné·e et d’arriver soi-même à respecter les normes imposées à ses enfants. «Il faut expliquer qu’il est normal qu’adultes et enfants n’aient pas les mêmes usages d’internet. Ce qui est important, c’est ce que nous donnons à voir à nos enfants en tant que modèle de consommation de ces univers, leur montrer que nous parvenons à garder la maîtrise de ces outils», rassure la Dre Achab.
Surveiller les dérives
Identifier une consommation problématique n’est pas toujours aisé. Plusieurs signes peuvent alerter: troubles du sommeil, difficultés de concentration, désintérêt pour les contacts sociaux ou les activités «réelles». En résumé, une perturbation dans le fonctionnement habituel de la personne, que ce soit dans sa vie privée, professionnelle, familiale, financière… Chacun·e possède donc son propre curseur.
Déculpabiliser
La pandémie a intensifié notre utilisation des outils numériques. De fait, nous avons tous et toutes lâché un peu de lest sur les règles familiales. Et ce n’est pas grave. «Les parents ne sont pas les uniques responsables des usages de leur enfant. Ce sont des guides qui doivent les protéger des dangers et veiller à ce qu’ils aient des activités variées. C’est l’essentiel», conclut la Dre Achab.
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[1] Enquête «Écrans et confinement chez les enfants de 12 à 30 mois», Haute École de travail social et de la santé de Lausanne, 2020.
[2] www.who.int/fr/news/item/24-04-2019-to-grow-uphealthy-children-need-to-sit-less-and-play-more
Article repris du site pulsations.swiss