L’ostéopathie pour contrer la douleur
Petit à petit, l’ostéopathie a fait sa place parmi les médecines manuelles. Large dans ses applications, elle permet de soulager les troubles fonctionnels de l’appareil locomoteur (douleurs articulaires, musculaires, squelettiques), du système digestif (constipation, reflux, etc.), génito-urinaire (infections urinaires à répétition, dyspareunies mécaniques, etc.), neurovégétatif, respiratoire (bronchites à répétition) et de la sphère ORL (otites et sinusites à répétition, vertiges fonctionnels, etc.).
Elle tient une partie de son succès au fait qu’elle s’intéresse à la personne dans son ensemble, comme l’explique Sebastian Byrde, président de la Fédération suisse des ostéopathes (FSO-SVO): «Nous tenons compte du contexte bio-psycho-social du patient et des interactions qu’il peut y avoir avec ses symptômes.» Cette vision holistique se traduit en consultation par un temps important consacré à l’écoute du patient: «Nous essayons de démêler ce qui relève du somatique et du psychosomatique, dans une relation souvent privilégiée avec lui», estime David Bonjour, professeur à la Haute école de santé et conseiller aux études dans la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO) de Fribourg, filière ostéopathie.
Douleurs et lombalgies en tête
Loin de vouloir se substituer à la médecine classique, l’ostéopathie se présente comme une médecine complémentaire, à laquelle le patient peut recourir en cas de douleur portant atteinte à son bien-être. Une complémentarité qui n’est certainement pas étrangère à la confiance qu’elle inspire et à sa popularité.
La consultation en ostéopathie vise à rechercher la dysfonction à l’origine de la douleur et à appliquer un traitement pour permettre au patient de retrouver une meilleure mobilité au sens large. «La douleur, qui concentre 80 % de nos consultations, trouve souvent son origine dans des zones qui ne sont plus mobilisées par le patient», explique Sebastian Byrde. Tout le travail du spécialiste est d’identifier ces zones, dans la mesure de ses possibilités: «L’ostéopathe ne s’occupe que des troubles fonctionnels. S’il suspecte une lésion organique, alors il en référera au médecin pour de plus amples analyses (imagerie, etc.)», précise-t-il. L’ostéopathie peut être une aide bienvenue pour les seniors, une population particulièrement concernée par les douleurs fonctionnelles. «Il s’agit alors d’un accompagnement pour que le patient ait moins mal et continue à bouger, dans un souci d’autonomie», estime le spécialiste.
Explorer postures et mouvements
Les ostéopathes peuvent ainsi être consultés en première intention. La consultation débute par une anamnèse détaillée: fonctionnement des différents systèmes (ostéoarticulaire, digestif, urinaire, etc.), antécédents personnels et familiaux, habitudes de vie du patient, etc. Elle se poursuit par un examen médical et ostéopathique. Le spécialiste est alors attentif à la statique, au positionnement du patient et à sa démarche. Il va explorer les postures ou les mouvements pour déterminer ce qui déclenche la douleur et comprendre ainsi d’où vient la perte de mobilité. Est-elle d’origine musculaire, articulaire, viscérale? C’est seulement au terme de ces observations qu’il pourra confirmer l’utilité d’une prise en charge ostéopathique.
Si c’est le cas, l’ostéopathe effectuera des manipulations pour stimuler les zones qu’il pense être à l’origine du problème. «Car la douleur ne vient pas forcément de là où elle s’exprime», précise Sebastian Byrde. Par exemple, des maux de dos peuvent être liés à une perte de mobilité digestive, tandis qu’un poignet douloureux peut être le signe d’un blocage au niveau de la nuque. Une lombalgie peut quant à elle être accentuée par un déséquilibre entre la partie droite du corps et la partie gauche, due par exemple à une jambe plus courte de quelques millimètres.
Vient ensuite le temps des manipulations et du traitement à proprement parler. Plusieurs techniques peuvent être mises en œuvre, la prise en charge étant adaptée en fonction de chaque patient. L’ostéopathe peut appliquer des techniques structurelles (manipulations directes ou indirectes des articulations), tissulaires (mobilisation des zones tendineuses, faciales, musculaires), fonctionnelles (manœuvres de correction douces) ou encore viscérales (palpations des organes, du ventre et des zones vasculaires). L’objectif étant de rendre au corps son homéostasie et sa mobilité pour qu’il puisse fonctionner sans douleur. C’est en le stimulant qu’on va l’aider à comprendre comment il peut lui-même se soigner.
L’ostéopathie est souvent décrite comme une méthode douce. L’est-elle vraiment? «Elle l’est dans la mesure où elle n’est pas invasive», répond David Bonjour. Aussi, complète Sebastian Byrde, «on ne devrait pas avoir mal au moment du traitement». Toutefois, il n’est pas impossible que des réactions douloureuses se manifestent les jours qui suivent. Car le travail se poursuit au-delà de la consultation, le corps réagissant aux impulsions données par le praticien. Généralement, deux séances suffisent pour que ce processus d’autoguérison s’engage, à condition de ne pas trop attendre avant de consulter.
Comment trouver un ostéopathe ?
La Fédération suisse des ostéopathes (FSO-SVO) tient un registre des ostéopathes reconnus par les assurances maladies et qui remplissent des critères de formation spécifiques. Consulter l’un de ses membres est une garantie de la qualité de sa formation et de sa pratique, jugée conforme aux normes édictées par la Conférence des Directeurs cantonaux de la santé.
Pour tout renseignement : www.osteopathes-suisses.ch
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Paru dans Générations, Hors-série « Se soigner autrement – Gros plan sur la médecine intégrative », Octobre 2019.