Répartir les calories sur la journée régule la glycémie
Chaque repas confronte les personnes atteintes d’un diabète de type 2 à un même dilemme: éviter que la glycémie (taux de sucre dans le sang) s’affole à des taux trop élevés. Dans une récente étude publiée par Diabetologia, le Pr Daniela Jakubowicz (du Wolfson Medical Center rattaché à l’Université de Tel-Aviv, en Israël) et son équipe ont proposé à dix-huit diabétiques de type 2 de suivre un régime à environ 1500 calories par jour pendant sept jours. Des repas identiques, mais répartis différemment dans la journée selon les personnes. Au sein de deux groupes formés de façon aléatoire, certains ont suivi un régime privilégiant les calories en début de journée: petit-déjeuner de 704 kcal, déjeuner de 603 kcal et dîner de 205 kcal (groupe B). Pour l’autre groupe, la proposition était inverse: 205 kcal le matin, 603 kcal le midi et 704 kcal le soir (groupe D). Au menu du repas le plus copieux: pain complet, thon, barre de céréales, œuf brouillé, yaourt, céréales. Pour le repas le plus frugal: filet de dinde, un peu de mozzarella, salade, café.
Glycémie plus basse
La conclusion a été sans appel: les analyses sanguines étaient meilleures chez les participants du groupe B que chez ceux du groupe D. Dans le détail, chez les premiers, les niveaux de glycémie étaient de 20% plus bas après les repas, et les niveaux d’insuline (l’hormone qui aide l’organisme à stocker le sucre) étaient de 20% plus élevés. Ces chiffres traduisent que chez les patients ayant bénéficié de petits-déjeuners copieux associés à des dîners légers, l’afflux de sucre dans le sang lors des repas était mieux géré par l’organisme, et ce tout au long de la journée.
Des résultats que le Dr Jacques Philippe, responsable du service diabétologie aux Hôpitaux universitaires de Genève, juge «tout à fait intéressants» même si l’étude présente des limites: «Durée du régime et nombre de personnes restreint, cas de patients souffrant de diabète de courte durée (moins de dix ans) et ne nécessitant pas un traitement trop lourd.»
Reste que cette étude tend à confirmer la pertinence de manger davantage le matin, en particulier pour les personnes souffrant d’un diabète de type 2. Le Pr Jakubowicz explique que «le mécanisme de cette meilleure tolérance au glucose après un petit-déjeuner fortement énergétique qu’après un dîner identique pourrait en partie reposer sur le rythme circadien». Et pour cause, le matin, stimulé par la lumière, notre hypothalamus dope les performances des cellules bêta du pancréas et de notre insuline, nous rendant mieux aptes à assimiler le sucre. La chercheuse estime donc qu’un petit-déjeuner élevé en calories «semble être une stratégie adaptée pour faire baisser les pics de glycémie après le repas chez les patients atteints de ce diabète».
Déplacer les calories le matin
Une recommandation complétée par le Dr Philippe: «En cas de diabète, il est effectivement préférable de déplacer le matin les calories, mais aussi la consommation des hydrates de carbone (tout produit sucré, y compris les féculents, ndlr), à l’origine des pics de glycémie.»
Si le facteur poids n’a pas été détaillé dans l’étude, le médecin genevois précise: «En cas de surpoids, il est encore plus important de veiller à une bonne répartition des calories sur la journée, et également de limiter le nombre de repas!» En effet, chaque prise alimentaire est à l’origine d’une décharge d’insuline. Or si cette hormone est cruciale pour stocker le sucre et éviter qu’il abonde en quantité trop élevée dans le sang, elle doit rester raisonnable. Trop abondante, elle devient la source d’un stockage excessif… et de prise de poids. Finies les collations, «trois repas par jour, c’est vraiment le maximum», conclut le Dr Philippe.
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Diabète
Le diabète est une anomalie de l’utilisation du sucre (glucose) en raison d'un manque d'insuline ou d'une moins grande sensibilité de l'organisme à l'insuline.