«Cette musique donnait du sens à ma vie»

Dernière mise à jour 22/11/23 | Questions/Réponses
VS23_itw_beatrice_berrut_©Niels Ackermann
Pianiste de renom international, Beatrice Berrut a grandi au cœur des Alpes suisses. Bercée depuis son plus jeune âge par les gammes de Schumann ou de Mendelssohn jouées par sa mère, c’est elle désormais qui fait vibrer nos âmes aux quatre coins du monde. Rencontre.

      

Bio express

19 avril 1985 Naissance à Genève de parents valaisans.

1993 Débuts au piano.

1996 Découverte du deuxième concerto de Brahms.

2002 Représentation de la Suisse au concours de l’Eurovision.

2011 Prix «Revelación» de l’Association des critiques musicaux argentins.

2022 Lancement du festival de musique classique «Les Ondes».

Depuis votre plus jeune âge, vous sillonnez les montagnes valaisannes. Quelle influence ont-elles sur vous?

Beatrice Berrut J’ai grandi dans les montagnes et c’est quelque chose qui est resté très important pour moi. J’aime m’y retrouver en rentrant de mes tournées pour oublier un peu l’agitation de ce milieu. La montagne m’aide à décrocher et à me concentrer sur l’essentiel. La musique reste bien sûr essentielle, mais tout ce qui tourne autour pour faire carrière et se maintenir dans le milieu est usant et ça fait parfois du bien de s’en détacher.

Comment sont nées vos passions pour la culture allemande et le piano?

Je dois les deux à ma maman. Elle était une très bonne pianiste amateure et on s’endormait tous les soirs en entendant de belles œuvres de Schumann et de Mendelssohn, car elle ne jouait que des compositeurs allemands. Elle était professeure d’allemand et nous a donc appris très tôt cette langue. J’ai une fascination pour cette culture, mais aussi pour sa littérature et sa philosophie. Je n’ai étonnamment jamais senti de parenté avec la musique ou la pensée françaises, même si elles sont d’une richesse infinie et admirable.

Comment la découverte du deuxième concerto de Brahms a transformé votre vie?

La découverte de cet enregistrement dans la discothèque de mes parents m’a bouleversée au point qu’en un instant, le piano est devenu vocatif. Cette musique était tellement belle qu’elle donnait du sens à ma vie. Je ne me doutais absolument pas que l’être humain fut capable d’une telle beauté jusqu’à ce que j’entende cette œuvre. Ça a été une révélation. 

En 2022, vous avez lancé un festival de musique classique à Monthey. D’où vous est venue cette idée?

Je me questionne souvent quant à l’avenir de la musique classique, car l’énorme défi actuel, c’est de réussir à créer un pont entre elle et le 21e siècle. On aimerait attirer les jeunes aux concerts et renouveler notre public. C’est de là qu’est né «Les Ondes». Ce festival, qui a lieu début juin à Monthey dans un pavillon végétalisé au bord d’un étang, a pour vocation de démocratiser la musique classique en lui donnant un air plus détendu. Les gens osent venir car ils se sentent à l’aise et savent qu’ils ne seront pas jugés s’ils arrivent en tongs. On est d’ailleurs très fiers d’avoir eu un musicien qui est venu jouer en shorts! 

En un mot…

Un adjectif qui vous définit? «Passionnée.»

Votre dicton? «Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait.»

Un artiste avec lequel vous aimeriez vous produire? «Muse, le groupe de rock. J’aime retravailler leurs œuvres pour en faire des pièces romantiques pour piano.»

Un rêve un peu fou? «Faire une première partie de Muse!»

Y a-t-il eu une distinction dans votre carrière qui vous a particulièrement émue?

J’ai fait une tournée en Argentine en 2011 avec Shlomo Mintz, un célèbre violoniste israélien, et je suis très fière d’avoir reçu le prix des critiques musicaux argentins. 

Qu’est-ce qu’«être en bonne santé» signifie pour vous?

Ne pas être prisonniers d’un corps qui nous fait souffrir et avoir la tête libre pour être dans ses rêves et ses projets. 

Vous qui avez grandi dans la nature, êtes-vous sensible à ce qu’elle peut offrir pour soigner?

Je suis plutôt sensible à ce que la nature peut nous offrir de bon et de beau pour la gastronomie! L’alimentation, c’est très important à mes yeux, tant pour le plaisir des papilles que pour la santé. 

La musique occupe une place centrale dans votre vie, pensez-vous qu’elle puisse avoir des vertus thérapeutiques?

Oh oui, j’en suis persuadée! Dans chacune de mes phases difficiles, Mozart a fait des miracles! C’est de la musique qui est touchée par la grâce et qui fait du bien à l’âme. 

Ressentez-vous un certain stress avant de monter sur scène?

J’ai maintenant suffisamment d’expérience pour me rassurer en me disant que tout s’est toujours bien passé, mais il est vrai que parfois, je ressens un certain stress. Je crois qu’on devrait plutôt parler de trac, car j’ai l’impression que cela vient de notre subconscient et qu’on ne peut pas le contrôler. On ne sait jamais quand ça va frapper et à quelle intensité, c’est très étrange. 

Quels sont vos futurs projets professionnels?

En 2024, j’enregistrerai un album de mes propres compositions intitulé «Carnets Stellaires». C’est un cycle de pièces pour piano autour des objets célestes, que je vais jouer pour la première fois dans une pièce où les gens pourront se coucher pour observer au plafond des projections d’images du cosmos. Ce sera un concert très immersif. Mon autre grand projet, c’est un spectacle artistique autour de «l’Apprenti Sorcier», le poème symphonique de Paul Dukas, avec le patineur Stéphane Lambiel. J’y jouerai entre autres mes compositions sur la glace.

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Paru dans le hors-série «Votre santé», La Côte/Le Nouvelliste, Novembre 2023.

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