L'hypnose: un soulagement pour les patients mais aussi pour le personnel
On parle souvent de l'hypnose comme un moyen pour aider des personnes qui ont refoulé d'importants traumatismes ou même pour arrêter de fumer. Mais cette méthode s'est aussi révélée bénéfique pour certains patients souffrant de douleurs intenses tels que les grands brûlés. C'est pour cette raison que le centre des brûlés du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) a décidé d'intégrer l'hypnose dans son service. Ainsi, depuis 2004, 80% des grands brûlés profitent de cette technique qui représente une excellente alternative à l'anesthésie générale.
En revanche, l'impact de l'hypnose sur le personnel est moins connu et pourtant, il est tout aussi positif.
Les avantages de l'hypnose
L'hypnose a prouvé son efficacité pour des patients présentant diverses pathologies telles que des phobies, de l'insomnie, des maux de têtes chroniques, de l'hypertension et aussi lors de douleurs intenses dues à des traumatismes aigus. Pour les grands brûlés, les bienfaits de cette technique sont multiples: anxiété diminuée, bien-être amélioré, temps d'hospitalisation raccourci et, enfin, besoins chirurgicaux réduits. Des études américaines ont récemment mis à jour davantage de bienfaits de cette technique en démontrant un changement d'attitude favorable de la part du personnel médical ainsi qu'une meilleure collaboration entre les différents acteurs de l'équipe soignante.
Stress et «burnout» dans le milieu hospitalier
Si le personnel ne parvient pas à s’adapter au stress engendré par le travail en milieu hospitalier, la situation peut devenir problématique, et même mener à un «burnout» (épuisement professionnel). De plus, selon les services, le niveau de stress n'est pas le même. Les soignants des soins intensifs qui s'occupent des grands brûlés sont considérés comme une population à risque de burnout. Ils font face à des situations quotidiennes particulièrement stressantes et émotionnellement difficiles à gérer: soins douloureux, conflits avec les patients et leurs familles, charge de travail importante, organisation du service et, pour les infirmières, des soins et une prise en charge de patients en fin de vie.
Impact de l'hypnose sur l'équipe soignante
En 2011, une étude a été menée dans les services de médecine intensive adulte (SMIA) et de chirurgie plastique et reconstructive (CPR) du CHUV. Le but était de mesurer l'impact de l'hypnose sur le niveau de stress du personnel lors des soins sur des patients brûlés.
Les résultats ont révélé que l'état de stress global est beaucoup plus élevé chez les soignants du SMIA que chez ceux du CPR. Mais, malgré ces conclusions, 100% du personnel déclarait être «souvent» ou «toujours» satisfait de son travail.
Dans les deux services, toutes professions confondues, l'utilisation de l'hypnose sur le patient brûlé, en terme de soutien ou de soulagement du stress du soignant prodiguant le soin, est perçue comme «favorable» par 64% du personnel, «indifférente» par le 33% et enfin comme «négative» par seulement 3% de l’équipe. De plus, cette technique est considérée sur le plan professionnel comme «utile» à «absolument nécessaire» par 85% des soignants des deux services.
Baisse du stress
Les procédures réalisées par le personnel sont majoritairement vécues comme «souvent» à «constamment» stressantes sans la présence d'un hypno-praticien, et comme «jamais» à «rarement stressantes» lorsqu'il y participait. Ces résultats portent sur quatre types de situations, à savoir avec des patients anxieux, éprouvant de fortes douleurs, agités ou confus, ou enfin sur des soins douloureux.
Cette étude prouve donc qu’il y a un réel avantage à utiliser l’hypnose dans le milieu médical, par exemple pour améliorer non seulement les conditions d’hospitalisation et les traitements des grands brûlés, mais aussi les conditions de travail des équipes soignantes.
Référence
Adapté de «L'hypnose intégrée aux soins de patients brûlés: impact sur le niveau de stress de l'équipe soignante», par O. Bertholet, Faculté de biologie et de médecine, UNIL, M. M. Berger, M. Davadant, Service de médecine intensive adulte et Centre des brûlés, CHUV, et I. Cromec, Hôpital du Valais, Sion. In Revue médicale suisse 2013;9:1646-1649. En collaboration avec les auteurs.