Dépression: quand le corps envoie des signaux
EXPERTS
Réveil aux aurores (Insomnies 1/3)
L’insomnie est quasi constante dans la dépression. C’est même un signe annonciateur. Pas moins de deux tiers des dépressifs sont concernés. Le symptôme qui doit faire «tilt» est un réveil précoce, une ou deux heures avant l’heure désirée, alors qu’on voudrait bien continuer à dormir.
Sommeil peu réparateur (Insomnies 2/3)
Difficultés d’endormissement, sommeil léger et peu réparateur, réveils nocturnes en sueur, éveil matinal prématuré avec impossibilité de se rendormir, cauchemars récurrents: la dépression débute dans bien des cas par des troubles du sommeil. On sait bien que les soucis empêchent de dormir et ont tendance à prendre trois tailles l’obscurité venue. On passe ses nuits à ruminer, le corps est épuisé par les insomnies, mais le cerveau, lui, continue de tourner à plein régime.
Conséquences diurnes de l’insomnie (Insomnies 3/3)
Les conséquences de l’insomnie dépassent largement le cadre de l’obscurité. Des nuits désastreuses font de mauvaises journées: réveil anxieux, impression de fatigue permanente, diminution de l’efficacité intellectuelle et de la mémoire, irritabilité et susceptibilité dans les rapports avec les autres.
Sommeil excessif et peu reposant
Il faut savoir qu’à l’inverse, certains patients dépressifs (une minorité) vont se réfugier sous la couette, avec des nuits de 12 heures d’affilée et des siestes à répétition. Ce besoin irrépressible de sommeil n’a pourtant rien de réparateur: qu’importe le nombre d’heures passées à dormir, on se réveille toujours aussi fatigué.
Batteries à plat
Les états dépressifs sont pratiquement toujours frappés du sceau de la fatigue. L’organisme semble drainé de ses forces. Au début, on ne comprend pas ce mauvais tour que nous joue le corps, normalement toujours d’attaque. Comme rien ne vient expliquer cette panne, l’inquiétude ne tarde pas à se manifester.
Cette perte d’énergie tant physique que psychique est souvent matinale. Un signe typique: le premier pied posé de la journée est souvent synonyme de fatigue, mais aussi d’angoisse. Les déprimés sont aussi très fatigables. Un rien les exténue.
Appétit coupé
La réduction de l’appétit est un des symptômes habituels de la dépression. Les déprimés perdent souvent l’envie de manger, et avec elle le goût pour les mets qui leur faisaient habituellement plaisir. Conséquence, certaines personnes peuvent perdre jusqu’à 10 kg en un mois ou deux.
Mais l’inverse est aussi possible. A savoir, une attirance très marquée pour les aliments sucrés et riches en calories, notamment le chocolat. Précisons toutefois que la plupart des déprimés conservent un poids stable.
Intestins tourmentés
Les maux de ventre traduisent une gamme émotionnelle très large qui va de l’angoisse du petit enfant au trac de l’étudiant, en passant par la peur du déprimé qui se croit atteint d’une maladie incurable.
Le tube digestif se trouve sous la commande du cerveau. Or, au cours d’une dépression, ce dernier est ralenti. Résultat: les déprimés ont tendance à avoir un transit intestinal plutôt paresseux, occasionnant souvent des problèmes de constipation. A l’inverse, l’anxiété, fréquemment associée à la dépression, accélère le transit et peut occasionner de fréquents allers-retours aux toilettes pour cause de diarrhée.
Mal partout
Dans la dépression, le cerveau devient plus sensible à la douleur. La tristesse et la perte d’espoir amplifient des sensations qui, habituellement, peuvent passer inaperçues. Certaines personnes décrivent des douleurs diffuses. Ces plaintes font écho au profond malaise psychologique qui les habite, mais qu’elles n’arrivent pas à identifier ni à exprimer.
La localisation de ces douleurs est très variée et touche par ordre d’importance: dos, tête, épaules, nuque, ventre, muscles, articulations, thorax.
Peur d’être (très) malade
Les manifestations physiques qui accompagnent la dépression (insomnie, fatigue, douleurs) s’inscrivent le plus souvent dans un pessimisme ambiant. Pas étonnant dans ces conditions que l’individu déprimé s’interroge sur son corps qui semble le lâcher. A l’excès, cette attention focalisée sur sa santé peut devenir envahissante et surtout angoissante. La peur de couver quelque chose de grave, type cancer, pousse certains à multiplier les consultations médicales.
Chute de la libido
Sans surprise, la libido ne résiste généralement pas à la vague dépressive. La sensualité semble anesthésiée. Chez la femme, la baisse du désir va parfois jusqu’à la frigidité ou les rapports sexuels douloureux. Chez l’homme, impuissance et troubles de l’éjaculation peuvent apparaître. Toutefois, cette panne de désir n’est pas obligatoire. Certain(e)s continuent d’avoir envie et d’éprouver du plaisir.
Extrait de:
J’ai envie de comprendre… la dépression (éd. 2012), de Suzy Soumaille en collaboration avec Guido Bondolfi et Gilles Bertschy
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Dépression
La dépression peut se manifester par une tristesse, un manque de plaisir et d'énergie, mais aussi par des changements dans le sommeil, l'appétit ou le poids.