Combien de calories pour une relation sexuelle?
La curiosité de certains chercheurs et chercheuses ne connaît pas de limites. C’est le cas d’une équipe de l’Université du Québec (Montréal). Ils sont spécialistes de kinanthropologie (Julie Frappier, Mylene Aubertin-Leheudre, Antony D. Karelis), de sexologie (Joseph J. Levy) ou encore de santé publique (Isabelle Toupin). Et tous les cinq viennent de signer une étude à la fois originale et riche d’enseignements1.
Jeunes et en bonne santé
Le titre de ce travail est à lui seul tout un programme, même pour ceux qui n’ont que quelques rudiments d’anglais: «Energy Expenditure during Sexual Activity in Young Healthy Couples». Où l’on comprend que la recherche ne porte ici que chez des jeunes personnes en bonne santé. Pour les autres il faudra extrapoler. On a compris qu’il s’agit de calculer une dépense énergétique d’un genre un peu particulier, que l’on impose à son corps lors d’une activité à la fois sensorielle et musculaire.
Comment parvient-on à mesurer les énergies développées lors d’une relation sexuelle? Pour parvenir un effectuer un tel calcul les chercheurs ont recruté 21 couples (hétérosexuels) récemment formés (entre 6 et 24 mois) dans la région de Montréal. Dans tous les cas les partenaires étaient en bonne santé, âgés de 18 à 35 ans et pratiquant au moins deux heures d’exercice physique (sexualité non comprise) par semaine.
Dans un premier temps les participants ont pratiqué une séance d'exercice (dit «d'endurance»): entre une et cinq minutes d'échauffement en marchant, puis trente minutes d'exercice sur un tapis roulant à une intensité modérée. La dépense d'énergie (Calories) et l'intensité en MET (équivalent métabolique d’une tâche) étaient alors mesurées à l'aide d'un mini-brassard comportant un accéléromètre capable d’évaluer mouvements et flux de chaleur.
Ni alcools ni érectiles
Pour ce qui est des mesures concernant l’activité sexuelle proprement dite, une série de préalables étaient requis. Les participants volontaires devaient s’abstenir de consommer de l’alcool, des drogues ou encore des médicaments ayant des effets érectiles bien connus. On leur demandait de garder en mémoire et de songer à évaluer sur une échelle (de 7 points) leur perception de leurs dépenses énergétiques, de leurs efforts, de leur fatigue –sans oublier l’intensité du plaisir. D’abord après chaque rapport sexuel. Ensuite au terme d’une série de quatre rapports. Par ailleurs le mini-brassard et l’accéléromètre ne devaient pas être ôtés pendant ces activités.
Entre 69 et 101 calories
Au final, qu’apprend-on? Que pour ces couples la durée (moyenne) d’un rapport sexuel est de 25 minutes. Que la dépense énergétique (moyenne) pour chaque rapport sexuel est chez les hommes de101 calories (quatre calories par minute) et de 69 calories seulement chez les femmes. Ce sont là des résultats relativement modestes: ils sont significativement inférieurs à la dépense énergétique moyenne de 30 minutes d'exercice (276 calories, soit 9 calories par minute pour les hommes, et 213 calories, soit 7 calories par minute, pour les femmes).
L'intensité moyenne de l'activité sexuelle est d’autre part estimée à 6 Met chez les hommes et à 5,6 Met chez les femmes, ce qui correspond à un effort «modéré». C’est également significativement inférieur à l’intensité de l’effort en cas d’exercice physique (8,5 Mets chez les hommes et 8,4 Mets chez les femmes).
Entre la marche et le jogging
Résumons: l’intensité de l’effort lié à l'activité sexuelle représente environ 70% de l'intensité d’un exercice d'endurance de 30 minutes, et 38% de sa dépense énergétique. L'activité sexuelle peut être considérée comme un exercice significatif à la fois plus intense qu’une marche à 4,8 km/h, mais moins intense qu’un jogging à 8 km/h.
Mais rien, bien évidemment, n’est ici figé. Ainsi peut-on aisément imaginer (comme les auteurs) que certains hommes vont dépenser plus d’énergie lors d’un rapport sexuel (jusqu’à plus de 300 calories) que lors d’une séance d’exercice physique. Un phénomène qui, curieusement, n’a pas été noté dans ce groupe de jeunes femmes de Montréal.
Bien-être
Autre point remarquable: les dépenses énergétiques liées aux rapports sexuels sont généralement perçues avec une grande exactitude. Seuls 5% des participants perçoivent leurs activités sexuelles comme étant d’une intensité plus grande que l'exercice physique de 30 minutes. En toute hypothèse, il est acquis (sans même parler de ses effets psychologiques et de bien-être parfois considérables) que l'activité sexuelle peut faire partie des activités physiques qui contribuent à l’équilibre corporel, à la qualité de vie et, dune manière générale, à la santé.
1. On peut trouver cette étude dans la revue PLoS ONE. L’intégralité de ce travail (en anglais) est disponible ici.