Nous vivons tous avec notre propre «nuage de bactéries» autour de nous
Nous commençons peu à peu à découvrir les mystères et les vertus de notre «microbiote intestinal», cette flore composée de dix milliards de bactéries –dix fois plus que le nombre de cellules de notre corps. Il faudra aussi compter, désormais, avec les bactéries qui ne sont pas à l’intérieur, mais bien à l’extérieur (à fleur de peau) de ce même corps. Des chercheurs de l’Oregon ont «disséqué» la composition de cet ensemble de microbes aéroportés que nous émettons dans l'air. Ils viennent de publier leur travail dans la revue spécialiséePeerJ(1).
Ce travail a été dirigé par le Pr Brendan J. Bohannan (Department of Biology, Institute of Ecology and Evolution, University of Oregon). En enfermant onze participants dans une chambre expérimentale avec air filtré préalablement aseptisée, les chercheurs sont parvenus à séquencer les génomes des microbes de l'air ambiant. Au total, deux études ont été menées, aboutissant à plus de quatorze millions de séquences correspondant aux milliers de types de bactéries présentes dans plus de trois cents échantillons de poussière et d’air ambiants.
Applications médico-légales
Ces données devraient permettre de mieux comprendre les mécanismes impliqués dans la propagation des maladies infectieuses dans les bâtiments et, peut-être, de développer dans l’avenir des applications médico-légales permettant d’identifier un coupable ou de déterminer la présence d’une personne dans un lieu donné.
Premier signataire de cette publication, le Dr James F Meadow n’a pas caché sa surprise. «Nous nous attendions à être en mesure de détecter le microbiote humain présent dans l’atmosphère autour d'une personne, mais nous avons été surpris de constater que nous avons pu identifier la plupart des volontaires en parvenant à identifier la personnalité de chaque nuage microbien», a-t-il expliqué à la BBC.
Bonne intelligence
Ces nouvelles données témoignent aussi des échanges bactériens que nous pouvons avoir avec autrui –échanges dont nous n’avions, jusqu’ici, nullement conscience. «Des échanges qui, le plus souvent, n’ont rien de pathologique», rassurent les chercheurs américains. Aucune raison, en d’autres termes, de prendre des douches supplémentaires. Et ce d’autant que ce nuage se reconstitue à volonté.
Faut-il s’inquiéter de tout cela? Adam E. Altrichter, l’un des auteurs, résume la question: «Nous devons comprendre que nous ne sommes pas stériles et ceci est quelque chose de complètement naturel et sain.» Il nous faut apprendre à vivre (en bonne intelligence) avec les bonnes bactéries qui, très proches de nous, nous accompagnent tout au long de notre vie.
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1 L’intégralité de la publication (en anglais) des chercheurs américains parue dans Peer J est disponible ici: «Humans differ in their personal microbial cloud»