L’effet placebo, un allié
Un article du magazine |
Il a la forme d’un médicament, mais pas les principes actifs. Et pourtant il agit. Composé de sérum physiologique ou de lactose, le placebo a un effet démontré chez nombre de patients souffrant de maux divers. Son action a été notamment bien observée dans le domaine de la douleur.
Comment une substance sans principe actif peut-elle faire du bien? Une partie du mystère s’explique par le contexte de la prescription. L’organisme ne réagit pas seulement à la substance administrée, mais à l’acte médical au sens large qui s’inscrit lui-même dans une relation soignant-soigné. «Pour comprendre ce qui se joue, il faut s’intéresser à ce qu’une intervention entraîne chez un patient plutôt que de s’attacher uniquement au produit lui-même», explique Christine Cedraschi, psychologue. «L’effet placebo est la réponse psychologique, physiologique ou biologique à n’importe quel acte thérapeutique, et qui est attribuable aux caractéristiques du patient, à celles du thérapeute et à celles de leur interaction». En clair, c’est la relation qui va déterminer l’effet placebo. Celui-ci dépend de la manière qu’a le médecin d’expliquer l’utilité d’un traitement ou de tenir compte des espoirs de son patient. Par exemple, la conviction que le choix thérapeutique est le bon va sans aucun doute influencer positivement la réponse de l’organisme. « L’effet placebo vient s’inscrire en parallèle et améliore l’efficacité de la thérapie elle-même. »
Etudes sur la douleur
Ces dernières années, de nombreuses recherches corroborent ce constat. A l’instar de cette étude italienne menée sur deux groupes de patients présentant des douleurs postopératoires et ayant reçu la même injection. Le premier n’a disposé que d’informations minimales sur le produit, alors que le second a eu toutes les explications, a pu poser des questions, exprimer ses attentes ou ses craintes. Résultat: dans le deuxième groupe, les effets du médicament ont été plus rapides et plus intenses, ce qui souligne l’importance du contexte psychologique et relationnel.
Une autre étude, chez des patients souffrant de lombalgies chroniques, a mis en évidence une amélioration plus importante chez ceux qui ont bénéficié du traitement qui avait leur préférence. Et la douleur n’est pas le seul domaine où cela marche: dans le cadre de la maladie de Parkinson ou de la dépression, les avantages ont aussi été clairement démontrés. «Les objectifs doivent être réalistes et faire du sens pour le patient. Si on prescrit des exercices ou un régime, il faut bien expliquer pourquoi on le fait et s’assurer que cela convient au patient sinon on se prive des bénéfices de l’effet placebo», relève Christine Cedraschi.
Et la psychologue de tordre le cou à une idée préconçue: «L’effet placebo n’est pas l’effet du vide, mais du plein, c’est-à-dire du contexte dans lequel on donne un traitement.»
Vrai ou faux?
Si j’ai mal, on trouvera forcément quelque chose d’anormal dans les examens.
Faux. Les examens peuvent ne révéler que des anomalies minimes ou sans lien avec le symptôme ou ses répercussions.
Il ne faut pas attendre avant de prendre un médicament contre la douleur.
Vrai. Les traitements sont plus efficaces si on les prend avant que s’installent les symptômes douloureux.
La morphine est un médicament utilisé à un stade très avancé de la maladie.
Faux. La morphine est un médicament très utile pour de nombreuses douleurs, comme après une intervention chirurgicale.
Il n’est pas normal d’avoir mal lorsqu’on est à l’hôpital.
Vrai. Les soignants disposent de moyens appropriés pour évaluer et soulager la douleur.
Si on me propose une aide psychologique ou des antidépresseurs, c’est que l’on croit que ma douleur se passe uniquement dans ma tête.
Faux. La douleur affecte la personne tant physiquement que psychiquement. L’inquiétude ou la tristesse peuvent augmenter la douleur.