Comment arrêter de fumer ?
Le tabac est à l’origine d’un tiers des décès par accident vasculaire cérébral et par tous les troubles et maladies cardiaques consécutifs à un arrêt ou à une réduction de l'irrigation sanguine du coeur (cardiopathies ischémiques). Le tabagisme favorise également la pneumonie, l’ulcère peptique, la cataracte, la dégénérescence maculaire sénile, la tuberculose, l’ostéoporose et les fractures vertébrales et de la hanche. Le tabagisme augmente également le risque de cancer du sein. Le tabac est nocif pour le fœtus et le nouveau-né d’une mère fumeuse, car de nombreux toxiques passent la barrière placentaire. Le tabagisme maternel augmente notamment le risque de fausse couche, de retard de croissance intra-utérin du fœtus ainsi que de la mort subite du nourrisson.
Cocktail toxique
La fumée de cigarettes comprend plusieurs milliers de substances toxiques, dont de nombreux cancérigènes. Le tabac favorise l’apparition des maladies cardiovasculaires par une accélération de l’athérosclérose (obstruction progressive des artères), la promotion des phénomènes thrombotiques, la privation des cellules en oxygène (hypoxie), la survenue de spasmes artériels et la génération d’arythmies ventriculaires.
L’utilisation de cigarettes «légères» à plus faible teneur en goudron n’entraîne qu’une réduction minime des risques de maladies et de mortalité dues au tabac. En effet, afin d’obtenir la quantité souhaitée de nicotine, ces consommateurs inhalent la fumée plus fréquemment et plus profondément, et bloquent souvent les orifices d’aération des filtres; les fumeurs de cigarettes légères absorbent donc des quantités de substances toxiques très semblables aux cigarettes «normales».
Cinq étapes pour s'en sortir
Un fumeur traverse cinq stades de motivation à cesser de fumer, avec une probabilité croissante de devenir ex-fumeur :
- L'indétermination. Le fumeur n'envisage pas sérieusement d'arrêter de fumer, les avantages de la cigarette l'emportent sur les risques, les messages de prévention ne l'atteignent pas.
- L'intention. Le fumeur envisage d'arrêter de fumer dans les six mois, mais pas tout de suite. Il reste ambivalent quant aux bénéfices et aux inconvénients de l'arrêt, mais commence à entendre les messages de prévention et les conseils.
- La préparation. Ça y est, le fumeur est fermement décidé à arrêter de fumer dans les 30 jours. Les bénéfices l'emportent sur les inconvénients, il recherche de l'aide ou des conseils.
- L'action. Le fumeur a cessé de fumer depuis moins de six mois. Les risques de rechute sont importants, mais il fait des efforts actifs pour rester non-fumeur.
- La consolidation. Le fumeur a cessé de fumer depuis plus de six mois, les risques de rechute diminuent, il fait moins d'efforts actifs pour rester non-fumeur.
Le cap du sevrage
Après une exposition répétée et prolongée à la nicotine, une accoutumance s'est installée. Aussi, lorsque le taux de nicotine s’abaisse brutalement, des symptômes de sevrage apparaissent et exercent un renforcement négatif, car l’individu fume pour éviter l’état de manque typique de la dépendance physique à la nicotine. En cas d’arrêt de la consommation de tabac, les symptômes de sevrage (envie irrésistible de fumer, manque de concentration, irritabilité, troubles du sommeil, fatigue, maux de tête) apparaissent en moins de 24 heures, sont maximaux entre 48 et 72 heures et s’atténuent progressivement en quelques semaines.
Des médicaments pour arrêter de fumer
1. Les substituts de nicotine
La substitution en nicotine, qui fournit entre un et deux tiers de la nicotine absorbée en fumant, facilite la désaccoutumance tabagique en réduisant les symptômes de sevrage. Cinq formes sont actuellement disponibles en Suisse : gomme à mâcher, patch transdermique, inhalateur, comprimé sublingual et comprimé à sucer. Il n’y a pas de différence significative d’efficacité entre les différentes formes de substitution nicotinique.
2. Le Bupropion et autres médicaments
Parmi les autres traitements pharmacologiques, un antidépresseur, le bupropion, est efficace dans l’arrêt du tabagisme, même chez les fumeurs non dépressifs. Le traitement dure de sept à neuf semaines. L’arrêt du tabac est programmé entre le huitième et le treizième jour du traitement.
La varenicline est un traitement récemment admis dans les pays occidentaux pour le sevrage du tabagisme. Cette molécule est utilisée depuis plus de quarante ans en Europe de l’Est. Elle reproduit partiellement les effets de la nicotine, sans toutefois engendrer la sensation de plaisir que provoquerait la prise d’une cigarette. Elle a la particularité de bloquer l'effet de la nicotine, ce qui atténue les symptômes de sevrage et prévient les rechutes. Le traitement dure en principe douze semaines.
Autres interventions
D’autres méthodes de désaccoutumance au tabac sont efficaces, telles que les programmes comportementaux en groupe, un traitement comportemental individuel, des «Méthodes d’arrêt par soi-même» («self-help») avec messages personnalisés, comme le nouveau programme suisse, «Stop-Tab@c», qui donne par courrier ou par Internet des conseils personnalisés. L’acupuncture et l’hypnose sont statistiquement inefficaces, avec des taux d’arrêt semblables à ceux des groupes sans intervention ou placebo (acupuncture factice).
Arrêt du tabac : les médecins ont un impact considérable
L'intervention médicale a un impact potentiel très important à l’échelle de la population en raison de la haute prévalence du tabagisme et du contact annuel des médecins avec 80 % de la population. En Suisse, parmi les 1400 000 fumeurs consultant un médecin chaque année, environ 70 000 arrêteraient spontanément. Ce chiffre pourrait s’élever à 100 000 grâce à un conseil médical minimal, voire à 150 000 suite à une prise en charge plus intensive et une substitution nicotinique.
Source
Porf. Jacques Cornuz, Prévention cardiovasculaire à l'usage des praticiens, Editions Médecine & Hygiène.
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Cancer du poumon
Chaque année en Suisse, on dénombre environ 4100 nouveaux cas de cancer du poumon (carcinome bronchique), ce qui représente 10 % de toutes les maladies cancéreuses. Le cancer du poumon touche plus souvent les hommes (62 %) que les femmes (38 %). C’est le deuxième cancer le plus fréquent chez l’homme, et le troisième chez la femme. C’est aussi le plus meurtrier, avec 3100 décès par an.