Traitements du cancer et fertilité: nouvelles approches
Durant la période 2003-2007, 965 cas de cancer ont été diagnostiqués dans les cantons de Vaud et Genève chez des femmes âgées de moins de 40 ans. Pour un nombre croissant d’entre elles, les progrès des traitements oncologiques permettent d’envisager une guérison. Mais ceux-ci consistent généralement en une chimiothérapie et/ou une radiothérapie qui comporte potentiellement des risques concernant la fertilité ou une insuffisance ovarienne. Des conséquences difficiles à vivre pour les femmes qui présentaient un désir de grossesse.
Aujourd’hui, grâce aux avancées en médecine de la reproduction, il est possible d’avoir recours à différentes options de préservation de la fertilité. Il est donc important de consulter un spécialiste pour discuter du risque d’infertilité le plus tôt possible avant de débuter un traitement potentiellement toxique pour les organes reproducteurs.
La stimulation ovarienne
La stimulation ovarienne est la technique de choix actuellement, car elle n’est plus considérée comme un traitement expérimental. Comme dans le cadre d’une fécondation in vitro (FIV), le traitement consiste à stimuler la croissance folliculaire par des injections d’hormones, puis à déclencher l’ovulation pour permettre la ponction d’ovocytes matures.
Deux possibilités sont alors proposées. Les ovocytes récoltés peuvent être directement cryoconservés, ce qui laisse la possibilité à la patiente de les féconder ultérieurement avec le partenaire de son choix. Ils peuvent également être fécondés immédiatement par le sperme du partenaire afin d’obtenir des ovocytes imprégnés qui seront également cryoconservés. Si le nombre d’ovocytes récoltés est suffisant, les deux approches peuvent être combinées. La possibilité de vitrifier des ovocytes matures représente une avancée majeure puisque la patiente n’a plus la nécessité d’avoir un partenaire.
La stimulation ovarienne ne doit pas retarder le début du traitement oncologique local ou systémique. Le premier protocole pouvant être mis en place, le plus court, débute au deuxième ou troisième jour des règles par l’injection d’hormones qui vont stimuler les ovaires. Lorsque la croissance folliculaire est considérée comme adéquate, l’ovulation est déclenchée. La ponction d’ovocytes est alors planifiée 35 à 36 heures plus tard.
Une nouvelle approche, la stimulation ovarienne dite random start, permet toutefois de ne pas attendre le début du cycle menstruel. La stimulation est débutée indépendamment du cycle, ce qui évite de devoir attendre les règles suivantes pour commencer le traitement.
Techniques expérimentales
Lorsque la stimulation ovarienne ne peut être envisagée, d’autres options peuvent être examinées, telles que la maturation in vitro (MIV), une technique expérimentale proposée dans certains centres spécialisés. Elle consiste à ponctionner des follicules juste avant le stade de follicule mûr en l’absence de stimulation ovarienne. Les ovocytes sont ensuite mûris en laboratoire puis vitrifiés.
La technique de prélèvement et de cryoconservation de cortex ovarien, également considérée comme expérimentale, peut être proposée lorsque le traitement oncologique doit être initié de façon urgente et ne permet pas la réalisation d’une stimulation ovarienne avec prélèvement et vitrification d’ovocytes matures. De plus, elle est la seule technique envisageable chez les patientes prépubères.
Un groupe spécialisé en Suisse romande
Le Réseau romand de cancer et fertilité (RRCF) est un groupe multidisciplinaire regroupant spécialistes en médecine de la reproduction, gynécologues oncologues, oncologues médicaux, pédiatres, infirmières et psychologues des hôpitaux, cliniques et cabinets privés de Suisse romande. Son but est d’offrir une prise en charge individualisée intégrant la problématique oncologique et celle de la fertilité à toutes les femmes confrontées à un cancer.
Des plaquettes d’information spécifiques à certains cancers sont accessibles à l’adresse suivante: www.grssgo.ch/public-information/cancer-fertilite.html
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Références
Adapté de «Techniques de préservation de la fertilité chez la femme en âge de procréer», Drs Nicolas Vulliemoz et Dorothea Wunder, Unité de médecine de la reproduction; Dr Marie-Pierre Primi, Laboratoire d’andrologie et de biologie de la reproduction, Département de gynécologie-obstétrique; Dr Lucien Perey. Département d’oncologie, CHUV; Drs Hélène Gaitzsch et Isabelle Streuli, Unité de médecine de la reproduction et endocrinologie gynécologique, Département de gynécologie-obstétrique HUG; Dr Lucien Perey, Service d’oncologie, Ensemble hospitalier de la Côte, 1110 Morges. In Revue Médicale Suisse 2014;10:1961-8, en collaboration avec les auteurs.
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